La reconstitution selon Viollet-le-Duc

On ne présente plus Viollet-le-Duc, Eugène de son prénom et architecte de son état. Né à Paris à l’heure du déclin de l’Empire, en 1814, dans un milieu très versé dans les Arts : son père étant conservateur des résidences royales à l’intendance générale de la liste civile sous Louis Philippe, et sa mère, fille de l’architecte Delécluze, tenant un salon fort couru à l’époque. Toute la famille loge au palais des  Tuileries (merci Papa !). Bref, le jeune Eugène est entouré par le beau et en fait sa vocation. Des voyages au Mont St-Michel et en Italie vont décider de sa profession. Il sera architecte, et nous pouvons aussi le voir comme un reconstituteur avant l’heure.

Ne nous étendons pas sur ses réalisations architecturales, qui sortent de notre propos ici. Précisons toutefois que c’est à la demande de Prospère Mérimée, alors  inspecteur général des Monuments Historiques, qu’il restaure la basilique de Vézelay en 1840, et bien d’autres édifices religieux ou civils ensuite. Ses restaurations les plus célèbres concernent certainement la ville fortifiée de Carcassonne et la cathédrale Notre-Dame de Paris en 1843.

Il occupe de multiples fonctions durant sa carrière. Son titre de gloire est peut-être cependant d’avoir survécu au choléra, à une chute dans une crevasse du Mont-Blanc et à sa condamnation à mort par la Commune de Paris.

Son oeuvre est immense (parfois boudée par certains spécialistes aujourd’hui), et son influence considérable. Ses interventions sur des bâtiments anciens et endommagés ont favorisé l’engouement pour le Moyen-Âge et la Renaissance. La société du XIXe siècle se passionne pour le passé, se fait construire de belle demeures inspirées de ces époques, qui se meublent de même façon.

C’est à cette époque que se développe la décoration historique et avec elle la fabrication d’armures et d’armes copiées de pièces anciennes, dont certaines sont réalisées selon les techniques de l’époque. Ce court article vous montre quelques-unes de ces pièces réalisées au XIXe, que l’on appelle par commodité « Viollet-le-Duc », même si bien sûr ce n’est pas l’architecte qui les a fabriquées lui-même. Les passionnés peuvent en chiner sur des sites d’enchères en ligne, car elles ont été produites en nombre à l’époque pour l’embellissement des châteaux et maisons bourgeoises.

Comme de nos jours, avec les reproductions modernes, il y a à boire et à manger bien sûr, mais certaines sont assez somptueuses, notamment les casques (morions et bourguignottes) et pièces d’armures gravées et historiées (gorgerins, plastron de cuirasse…). Les pièces les plus complexes étaient faites par moulage, en étain ou fonte, voir par galvanoplastie, procédé en oeuvre sous Napoléon III. Il existe également de très belles rapières, hallebardes, pertuisanes, ,etc. Toutes ces pièces, que l’on pourrait presque dire « archéologiques », se caractérisent en effet par de belles patines qui en font visuellement des pièces quasi d’époque. Il y a des collections tentantes à constituer…

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