« Apostat » : quand la reconstitution aide la BD

Après le Ier Empire et l’épopée napoléonienne, vus lundi, et pour continuer dans la BD, nous vous présentons aujourd’hui une oeuvre encore peu connue en France, mais qui mérite d’être découverte. Il s’agit d’une série traitant de l’histoire de l’empereur Julien, dit « l’Apostat », qui vécut au IVe siècle, entre 331 et 363 apr. J.-C., et qui ne régna que 3 ans.

L’auteur est belge et s’appelle Ken Broeders, né en 1970 à Saint-Luc, mais c’est aujourd’hui à Anvers qu’il vit et travaille. Ken se fait connaître par un BD intitulée Tyndall, suivie quelques années plus tard par une collection de 4 volumes inédits en France : Voorbij de Steen (« Après la pierre »). Le scénario est une fantaisie, mais dont l’action imaginaire se situe dans un environnement très inspiré du Bas-Empire romain. Cette démarche lui permet d’approfondir sa culture de l’Antiquité tardive et de faire la connaissance de l’empereur Julien, qu’il met en scène dans sa nouvelle série « Apostat ».

Le scénario d’Apostat, dont le 5e tome vient de sortir, et dont les 3 premiers sont désormais traduits en français (trilogie tirée à seulement 1000 exemplaires), se calque vraiment sur la véritable histoire de l’Empire romain et de Julien. L’auteur y fait preuve d’une belle érudition, tant dans sa narration des faits que dans le respect des détails, notamment uniformologiques.

Nous pouvons classer cette BD dans la catégorie des « BD d’archéologues », qui ont le vent en poupe aujourd’hui. Ken Broeders est aidé en cela par le groupe de reconstitution hollandais nommé FECTIO, dont l’emblème des boucliers (épisème) apparaît notamment dans le 4e tome.

Passons rapidement sur le fond historique, qui raconte le rejet du christianisme par le jeune Julien, dans lequel il perçoit une menace pour l’Empire, la culture romaine, et bien sûr pour l’ancienne religion. Nous laissons les lecteurs découvrir cette histoire s’ils ne la connaissent pas. Soulignons plutôt le superbe graphisme du dessinateur, qui travaille directement en couleur, à l’aquarelle, à l’acrylique et à la gouache. Il en résulte des ambiances extraordinaires, très feutrées, avec un grain unique. Chaque image est un tableau qui ravira les amateurs de BD de qualité.

Pour information, vous pouvez aussi acquérir un ex-libris sur cette série (« Flavius Claudius Julianus« ), très bien fait par Michel Eloy, le grand spécialiste du péplum et de la BD historique, illustré de planches et de dessins de Ken Broeders, mais aussi de photos de reconstitutions historiques montrant différents combattants romains du Bas-Empire. Vous y trouverez un historique très complet de cette époque assez peu connue.

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