Archéologie expérimentale : l’efficacité d’une arme blanche

Tous les reconstituteurs qui portent et manient des armes blanches, connaissent les limites de leur expérimentation. S’il est possible en effet de marcher ou cavaler pour tester et comprendre l’endurance d’un fantassin ou d’un cavalier, avec son costume d’époque et son paquetage, de préparer une cuisine d’époque et de vivre dans les conditions réalistes des temps passés, qui peut vraiment affirmer expérimenter ses armes ?

La plupart des reconstituteurs antiques, médiévaux ou napoléoniens, pratiquent l’escrime, et parfois même font des « batailles » à peu près chorégraphiées pour leur plaisir et celui du public. Mais combien sont-ils réellement à expérimenter l’efficacité de leur glaive, épée ou sabre, arc ou arbalète ? La chose n’est pas possible en conditions réelles, car la finalité d’une arme est bien de blesser ou de tuer un homme, et l’on ne saurait s’y résoudre. Des expédients ont été trouvés, comme d’utiliser des quartiers de viandes pour mesurer le degré de pénétration des lames ou pointes dans les chairs, ou des blocs de savon balistique qui offrent une résistance similaire à celle des tissus d’un corps humain.

Ce qui intéresse aussi est la résistance des protections corporelles soumises à des coups de taille ou d’estoc, mais aussi à des tirs d’arbalètes ou d’arcs. Des cottes de mailles ou d’écailles, des armures de plates, des gambisons, et même des gilets par-balles modernes ont été testés. Des carreaux d’arbalètes ont ainsi pénétré de 7 à 10 cm dans un « corps » en traversant au passage un gambison épais. Lorsqu’une cotte de mailles rivetées a été enfilée par-dessus le gambison, seuls les carreaux munis d’une pointe fine ont pu pénétrer, de 6 à 8 cm. Les autres ont été arrêtées par les mailles.

Ailleurs, l’efficacité de la grande faux à deux mains utilisées par les guerriers daces (de Roumanie) contre les légions romaines a été testée sur un bouclier du type scutum. Bien entendu, il n’était pas question de le faire tenir par un expérimentateur. Les boucliers romains étaient cerclés de métal pour éviter l’éclatement. Insuffisant ! Les photos du test parlent d’elles-mêmes…

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