Connaissez vous le Chamelot-Delvigne modèle 1873 ?

La période qui suit la guerre de 1870 est extrêmement riche mais encore peu représentée en reconstitution. C’est dommage, car il s’agit d’une période de transition, dans laquelle les uniformes restent splendides, comme sous le second Empire, mais pendant laquelle l’armée française commence à évoluer et à se doter d’armes à la pointe du progrès. Et parmi celles-ci, il y a le pistolet Chamelot Delvigne version 1873…

A cette époque, le symbole du commandement pour les officiers reste le sabre ou l’épée. Si la plupart d’entre eux sont équipés d’une arme de poing, ils choisissent pour la plupart des modèles du commerce, qui sont relativement personnels. Mais la guerre de 70 a montré l’intérêt du pistolet en combat rapprochée, et c’est ainsi que l’armée décide de doter ses sous-officiers d’une arme de poing. Le Chamelot Delvigne modèle 1873 va gagner le concours…

L’arme sera produite à environ 335000 exemplaires par la manufacture d’armes de Saint Etienne (un modèle « officier » sortira en 1874), et sera encore largement en service durant la première guerre mondiale, malgré l’apparition du revolver d’ordonnance 1892. Elle fera la plupart des guerres coloniales, et on la trouvera encore lors de la seconde guerre mondiale !

Il faut dire que pour un modèle de 1873, elle a de sacré atouts… D’abord elles est assez compacte, moins de 25cm de long pour un poids total de 1.2kg. Ensuite, il s’agit d’un révolver six coups à double action (en pressant sur la détente, on fait à la fois tourner le barillet et on arme le chien), ce qui est exceptionnel pour la période. Le colt 45 américain modèle 1873, et le reichsrevolver allemand, sont des modèle simple action (il faut armer le chien à la main pour faire tourner le barillet).

Ensuite, il est entièrement démontable, et l’axe du barillet est aussi un tournevis permettant d’accéder au mécanisme. Le ressort principal est doté d’une clé qui permet de le démonter (ça en général, c’est facile) et le remonter (ça c’est en général plus compliqué) sans difficulté. Toutes les pièces sont numérotées, même certaines vis, ce qui permet de voir tout de suite si le modèle que vous avez en main est dans l’état d’origine. L’année de fabrication est gravée sur le canon (le modèle qui illustre cet article a donc 134 ans).

Autre avantage partagé avec toutes les armes conçues à cette époque, il tire des cartouches métalliques. Il s’agit d’une arme certes à poudre noire, mais point n’est besoin de charger le barillet chambre par chambre en bourrant la balle. Le barillet se charge par le côté, et un petit dispositif astucieux permet de chasser les étuis vides restés coincés. Plus d’amorces qui craignent l’eau sur chaque chambre, et plus de risques de départs multiples. C’est aussi une arme extrêmement robuste, et on en trouve plus d’une en parfait état de tir aujourd’hui.

Son défaut, à l’époque, est d’avoir une munition qui bien que de calibre 11.6mm, est assez peu puissante. Contrairement au peacemaker US, l’arme n’a pas été conçue pour arrêter un cheval au galop… Aujourd’hui, elle est classée en catégorie D2 (détention et achat libres), et on la trouve assez facilement. Donc avis aux reconstituteurs !

 

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