Des combattants de la fin du XVIème siècle en couleurs…
Si les armes de la fin du XVIème siècle sont relativement bien connues, grâce aux nombreuses pièces conservées dans les différents musées de France et d’Europe, il est plus délicat de trouver des représentations fidèles des combattants sous le règne de Henri IV. De nombreuses peintures et tableaux existent, bien sûr, mais elles représentent toujours des scènes officielles, largement idéalisées, avec des postures peu naturelles, trop figées ou a l’inverse dynamiques à l’excès. Pour finir, la patine des ans assombrit la plupart des tableaux, ne permettant pas d’apprécier la réalité des couleurs des personnages.
A quoi ressemblaient finalement ces hommes qui ont façonné l’histoire à la fin du siècle ? Quelles couleurs, quelles tenues portaient-ils réellement ? 
En cherchant bien, on peut trouver d’autres images de ces soldats du roi, bien différentes de celles des tableaux officiels, avec des couleurs aussi vives que le jour où elles ont été peintes. C’est le cas sur les fresques du château de Fléchères, récemment restaurées. Une des pièces commémore l’entrée du Roi Henri IV à Lyon, en 1595, en figurant nombre des soldats ayant participé au défilé.
La particularité de la fresque est d’être peinte sur un enduit mural frais : les pigments imprègnent ainsi la chaux, ce qui stabilise remarquablement les couleurs. Devant peindre tant que le ciment est frais, l’artiste se doit d’être rapide, ce qui donne à ces fresques une impression de vie et de dynamisme souvent absente des tableaux de la même époque.
Ce
qui frappe immédiatement, c’est l’abondance de couleurs et les tenues chamarrées : la tradition initiée par les lansquenets de porter des vêtements colorés perdure donc en cette fin de siècle. Les hauts de chausse bouffants sont cependant remplacés par des culottes s’arrêtant sous le genou, les mollets étant couverts par des bas. Même les baudriers portant les armes sont richement décorés et colorés. Les hommes portent tous d’élégants souliers à talon, et aucun n’a encore les bottes qui seront largement répandues au siècle suivant.
Les militaires portent tous des armes dont la garde fait immédiatement penser aux rapières traditionnelles, mais avec des lames beaucoup plus larges, qui ne se sont pas encore affinées, à l’image du reitschwert que nous proposons à notre catalogue. Plusieurs soldats portent des épées dont la garde est dorée, et non pas couleur fer. Là aussi, c’est une idée reçue qu’il faut savoir remettre en question, en n’hésitant pas à compléter un costume par une rapière à garde dorée. 
La hallebarde est largement représentée, tandis qu’un seul arquebusier est figuré. Il porte bien sur ses douze apôtres, et une superbe poire à poudre métallique.
Pour finir, dernier point étonnant, seuls deux soldats portent une armure – et encore s’agit-il d’une demi armure pour l’un et d’un simple plastron pour l’autre. Il est vrai que la plupart des personnages sont des fantassins, et que l’armure métallique disparait en cette fin de renaissance, sauf pour la cavalerie lourde.
Un de nos fantassins porte encore un bouclier, et plus exactement une rondache munie d’un fer saillant en son centre.
Si vous êtes amateurs de cette période, une visite du château de Fléchères s’impose… Situé à une cinquantaine de km au Nord de Lyon, il vous permettra de voir bien d’autres fresques encore…
Allée de Flecheres
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