Des légionnaires complètement frappés…

Numismate et reconstituteur militaire antique, voilà deux passions qu’il est assez facile d’associer… Saviez-vous que les légionnaires romains ont frappé monnaie, à certaines périodes ?

Evidemment, ces périodes correspondent plutôt à des époques troublées, car à l’apogée de l’Empire, Rome frappe l’essentiel de sa monnaie… à Rome. On ne trouve en province que de petits ateliers locaux, qui produisent de la monnaie de bronze. La seule exception va être Lugdunum (Lyon), qui sera dotée d’un atelier monétaire durant la totalité de la période julio-claudienne, ce qui explique sans doute pourquoi la ville hébergeait une cohorte urbaine.

Certes, mais et nos légionnaires dans tout cela ? Et bien ils ont frappé monnaie, pour l’essentiel, à l’époque des guerres civiles du premier siècle avant notre ère. Ils recommenceront probablement au Bas-Empire, lorsque les ateliers monétaires vont essaimer un peu partout. Du coup, cela a donné à plusieurs groupes de reconstitution une excellente idée d’animation : montrer comment l’on frappait monnaie dans l’antiquité.

Le principe est extrêmement simple : on va glisser une rondelle de métal du poids ad hoc – le flan – entre deux matrices gravées en négatif – les coins – et frapper le tout d’un coup bien sec. Le coin est introduit à chaud, pour être malléable. En animation, c’est un peu délicat, aussi utilise-t-on des flans en étain. Ces flans sont découpés à l’emporte-pièce dans des plaques de métal, ou mieux peuvent être coulés dans des moules. Étonnamment, les ateliers monétaires de l’antiquité sont très précis et les variations de poids d’une pièce à l’autre sont très faibles.

La difficulté de l’opération est qu’il faut aller vite, pour frapper avant que la pièce ne refroidisse de trop. La hâte peut conduire à quelques anomalies très recherchées des collectionneurs et archéologues. Il arrive parfois que deux pièces soient frappées ensemble : la première pièce reste collée au coin, et vient frapper le flan suivant en lieu et place du coin. On se retrouve ainsi avec une pièce marquée en négatif !

Pour le reconstituteur, la première difficulté sera de faire fabriquer les coins. Ceux que l’on voit sur les images illustrant cet article ont été gravés par un spécialiste pour l’association Pax Augusta. La seconde est que l’opération, même avec de l’étain, n’est pas si simple, car il faut frapper assez fort et maintenir le coin bien droit sous peine de ne pas « imprimer » la pièce correctement. L’enclume, en manifestation, est souvent remplacée par un billot de bois. Il est certes moins stable, mais plus facile à bouger !

Et une fois toutes ces pièces prêtes… il ne vous reste plus qu’à payer vos légionnaires, et la boucle est bouclée !

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