Des Romains en XXL à Rouen

Avant l’ère de la télévision, du cinéma, du numérique et des images de synthèse, nos ancêtres « voyageaient » comme ils pouvaient. Au XIXe siècle naît le panorama. Celui-ci est une grande fresque toute en longueur, qui permet d’avoir une vision très large sur un paysage géographique ou historique (un lieu ou une bataille par exemple). Le grand peintre Edouard Detaille, dont nous avons déjà parlé dans ce blog, a réalisé plusieurs de ces panoramas gigantesques sur la guerre de 1870. Ce principe du panorama est aujourd’hui revisité avec les techniques de pointe, et force est de constater que le résultat est spectaculaire.

La belle ville de Rouen a inauguré il y a peu un nouveau musée en bord de Seine, consacré aux panoramas. La première exposition est dévolue à la Rome du temps de Constantin. L’artiste allemand Yadegar ASISI a imaginé relancer le genre, avec une immense fresque de 35 m de hauteur, placée dans une rotonde 34 m de diamètre. Mélange de peintures, de photos et d’images de synthèse, celle-ci s’observe donc à 360°, depuis une plateforme de 3 étages qui culmine à 15 m de hauteur.

La fresque représente l’arrivée triomphale de l’empereur Constantin, après sa victoire du Pont Milvius au portes de Rome, en 312 apr. J.-C. Partant d’une ancienne fresque du XIXe siècle, l’artiste l’a agrandie, avec des photos du ciel et des ruines, en ajoutant de la couleur, de nouveaux détails, des milliers de personnages qui donnent vie à l’ensemble. Une fois qu’on a dit ça, on pourrait s’exclamer : « Et alors ? » Et alors, c’est bluffant !

On pourrait s’attendre à découvrir une peinture, certes grande, mais plate, comme si on regardait un simple tableau. Il n’en rien, loin de là.  Le gigantisme de la toile vous réduit à la taille d’un figurant. Vous êtes noyé dans la masse, dominé par des constructions imposantes, au milieu des cyprès et des pins parasols qui se détachent en trompe-l’oeil. On s’y croirait, d’autant que la vision du haut de la tour vous donne une profondeur de champ considérable, jusqu’au-delà des murailles de la ville.

Vous avez l’impression d’être sur votre balcon, du haut du Capitole (la principale colline de Rome), et que vous assistez au cortège triomphal de l’empereur, en dominant tous les Romains qui courent vers le coeur de la cité pour assister en curieux à la procession. Certes, les costumes ne sont pas tous très réussis et font un peu « peplum », mais peu importe, car le spectacle est grandiose.

Toutes les 7 ou 8 minutes la ville voit le soleil se coucher et la nuit tomber. L’ambiance bleutée nocturne est absolument sublime, avec quelques bruits bien choisis : chiens qui aboient dans le lointain, grillons, musique douce. Les personnages disparaissent dans la pénombre. On ne distingue plus que les bâtiments qui se découpent sur le ciel sombre. De la peinture phosphorescente a été judicieusement ajoutée sur des embrasures de fenêtres ou sur des flambeaux, donnant vraiment l’illusion de lumières dans la nuit.

Puis le jour se lève de nouveau. On entend les premiers coups de marteau résonner sur l’enclume d’un forgeron. La ville s’éveille avec une musique qui salue le soleil. Et de nouveau apparaissent la foule dans les rue, sur les multiples terrasses qui surplombent la ville. Mille détails sautent alors aux yeux : une scène de sacrifice sur les marches du temple de Junon, un spectateur qui marche sur le fait d’un toit pour mieux voir le défilé, etc. Qui verra cette canette de bière oubliée derrière une figurante ?

Un spectacle à ne pas louper, car les photos ne rendent rien de la majesté de l’ensemble et de son caractère immersif. En 2016, vous pourrez admirer un autre panorama sur la ville de Rouen au temps de Jeanne d’Arc.

Pour en savoir plus :

http://www.panoramaxxl.com/

https://www.youtube.com/watch?v=tlANhZdcq_I

https://www.youtube.com/watch?v=NC0d4VorUkY

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