Fabriquer boucles et charnières… un jeu d’enfant ?

Attaches de lorica segmentata type KalrieseTout reconstituteur le sait, certaines petites pièces sont bien difficiles à trouver, les modèles du commerce ne passant vraiment pas dans un environnement médiéval ou antique. Les charnières et les boucles sont souvent un véritable casse-tête, et le plus simple est bien souvent de les fabriquer soi-même, ce qui n’est au fond pas si difficile…

fig1Les charnières s’obtiennent en enroulant autour d’un axe des formes plates en laiton (fig1). L’opération s’effectue à froid, après recuit de la pièce.  Le recuit consiste à porter la pièce au rouge, puis à la refroidir brutalement dans l’eau froide. Sur le laiton, l’effet est l’inverse de celui obtenu pour les aciers : le métal devient malléable. fig2Découpez dans une tôle de laiton ou de bronze de 1.5mm d‘épaisseur une pièce avec deux jambes latérales et une pièce avec une jambe centrale. Calculez les largeurs des jambes pour qu’elles s’emboîtent l’une dans l’autre avec un jour d’un demi millimètre, ce seront les deux parties de la charnière. La longueur des jambes doit être égale à 15mm pour un axe de 3mm. Recuisez les pièces.

fig3Pincez la pièce avec l’axe en place dans un étau à mors lisses ou muni de mordaches pour éviter de marquer le laiton. Le bas des jambes doit quasiment tangenter l’axe, ou à peine dépasser (fig2). A l’aide d’une cale en bois, rabattez vers vous la pièce (fig3).

fig4Reprenez la pièce et l’axe, et recoincez les verticalement dans l’étau (fig4). Rabattez une nouvelle fois. Reprenez les deux pièces et replacez les verticalement une dernière fois (fig5), et rabattez une dernière fois. C’est fini (fig6).

fig5Le laiton est beaucoup plus cassant que le fer, aussi risque-t-il de rompre pendant l’opération.  Pour éviter tout risque, il est souvent prudent de recuire la pièce une fois tordue une ou deux fois.

Il vous reste ensuite à fabriquer l’autre pièce, puis à les ajuster ensemble, en limant le fond de l’encoche qui sera légèrement trop petite, et les bords. N’oubliez pas qu’il faut à tout prix fig6éviter que les charnières aient un jeu transversal. Mieux vaut partir de jambes trop larges et les limer ensuite que l’inverse…

Il vous restera ensuite à « tailler » les pattes de vos charnières et boucles au motif que vous souhaitez, et à chanfreiner légèrement les angles vifs.

Un petit truc pour finir : le recuit laisse des traces d’oxydes noires. Pour l’enlever, inutile de frotter. Trempez les pièces une minute dans de l’acide chlorhydrique, rincez les à l’eau claire, et passez au Mirror. Vous n’avez même pas besoin de les repolir.

boucle achevée Pour finir, introduisez l’axe en laiton, coupé de manière à être légèrement trop large, et matez une extrémité en ayant posé l’autre sur votre enclume. Les charnières intérieures subissant de très fortes contraintes, un petit point de brasure à l’argent à l’intérieur n’est pas inutile pour éviter qu’elles ne s’ouvrent à l’usage (la soudure à l’étain n’est pas assez solide).

lorica segmentataAvec un peu de pratique, l’opération est réellement aisée et plaisante… et vous permettra d’agrémenter vos costumes et de réparer vos armures, voire de les réaliser vous-même. Les boucles et charnières qui illustrent cet article équipent une reproduction de lorica segmentata de type Kalkriese… mais c’est là encore une autre histoire !

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