Flèches, pointes et carreaux…
L’arc est une invention qui remonte au néolithique, et l’on peut penser que le chasseur a très rapidement compris l’intérêt d’équiper ses flèches de pointes suffisemment dures pour leur permettre de s’enfoncer dans leur cible. En témoignent les très nombreux exemples de pointes de flèches en os ou pierre taillée retouvés. A cette époque, la pointe va être ligaturée à la flèche, le matériau utilisé se prêtant assez mal à la constitution d’une douille.
Avec l’apparition du métal, les pointes de fléche vont naturellement être fabriquées en cuivre, puis bronze et fer. De l’antiquité au Moyen-âge, l’arc restera l’arme du combat à distance par excellence, jusqu’à être supplantée par l’arbalète, puis le mousquet. On s’interroge d’ailleurs souvent sur la raison de cette évolution, où une arme à cadence de tir relativement rapide, pouvant aller jusqu’à 15 tirs à la minute, est remplacée par une arme offrant dans le meilleur des cas 4 coups à la minute.
La raison est très simple : il faut de nombreux mois pour former des archers, tandis qu’un arbalétrier sera capable de se servir de son arme en quelques semaines à peine. La fabrication d’une arbalète est paradoxalement moins compliquée que celle d’un arc, car si elle nécessite un bon niveau en metallurgie et mécanique, elle est accessible à de nombreux artisans, sans le long apprentissage du facteur d’arcs.
Mais revenons à nos flèches et à leurs pointes. Des milliers de formes différentes ont existé, mais l’on peut distinguer trois familles principales. La première est celle des pointes dites perce-maille. Longues et effilées, elles sont destinées à s’enfoncer profondément, en traversant le cas échéant les protections de l’adversaire. Elles sont de plus assez faciles à réaliser.
Ces flèches
présentent toutefois un inconvénient : leur finesse les rend moins susceptibles de toucher des organes vitaux, et leur effet est sans doute moindre à court terme. Les flèches à larges bords tranchants permettent de remédier à ce problème : elles vont causer des dommages plus significatifs sur leur passage – si elles n’ont pas été stoppées par l’armure.
Un point important pour cette seconde catégorie est la manière dont elles sont montées sur le fut de la flèche. Si elles sont positionnée dans le même plan que l’encoche de la flèche, on aura à faire à des armes de chasse. En effet, la « lame » est verticale, ce qui signifie que la flèche passera facilement entre les côtes des animaux. Elle sera par contre bloquée entre les côtes d’un homme debout. C’est la raison pour laquelle la flèche dite de guerre est à plat, horizontale, au moment du tir.
De nombreuses flèches sont barbelées, avec des retours de métal destinés à rendre leur extraction plus difficile. Les chirurgiens de l’antiquité et les barbiers du Moyen-âge les extrayaient souvent en les faisant traverser, et non en les retirant vers l’arrière. Une autre « astuce » consiste à ne pas fixer solidement la pointe à la flèche, de manière à ce que le fer reste dans la plaie en cas d’extraction, et génère des complications.
La dernière catégorie de flèches regroupe les pointes conçues pour des applications particulières : coupe de cordages, mais aussi incendie. Dans ce dernier cas, on va remplir la flèche avec de l’étoupe enflammée.
Le carreau d’arbalète sera quant à lui plus trapu qu’une flèche, et il en ira de même pour sa pointe. Plutôt de type perce mailles, elle a en général quatre pans et forme une pyramide. On recherche là la pénétration, les dommages étant garantis par la force de l’impact.
Que reste-t-il aujourd’hui comme témoignage de l’omniprésence des fèches dans les armées d’antan ? Et bien de très nombreuses utilisations du mot dans le langage courant, et surtout l’utilisation de celles-ci comme symbole de… direction. Alors, si vous avez suivi, les flèches horizontales sur nos routes : flèches de guerre ou flèches de chasse ?
Voir également la page correspondante sur notre site : http://www.armae.com/moyenage/126archerie.htm
