Histoire d’une forteresse, par Viollet-le-Duc

Cité de CarcassonneViollet-le-Duc est bien connu pour les restaurations spectaculaires qu’il a réalisées durant le second Empire : cité de Carcassonne, château de Pierrefonds, basilique de Vezelay…  Plus que des restaurations, il s’agit d’interprétations des bâtiments, qui sont restitués dans un état idéal, qui peut n’avoir jamais existé. Si cette approche est relativement controversée, le résultat est merveilleux pour  la plupart des amoureux du Moyen-Age.

Peu de personnes savent que Viollet-le-Duc est aussi l’auteur de nombreux ouvrages étonnants.  L’un, « Histoire d’une Forteresse », mérite que tout passionné d’histoire militaire antique et médiévale s’y arrête… Ecrit comme un roman avec quelques personnages hauts en couleurs, il raconte l’histoire d’un oppidum imaginaire et surtout narre dans le détail une dizaine de sièges, de l’antiquité à la fin du Premier Empire. Il est de plus abondamment illustré de magnifiques gravures.

Histoire d'une forteresse, murailles du bas empireLe premier siège se place à l’époque gauloise, et voit l’arrivée d’un flux migratoire sur le territoire des habitants de l’oppidum. C’est l’occasion de montrer l’efficacité du murus gallicus. Cette place forte des Lingons sera attaquée une nouvelle fois, mais par les armées de César cette fois-ci.

La Pax romana venant, l’oppidum se transforme en riche cité. Elle va devoir se doter d’une solide enceinte au bas-empire, admirablement évoquée par plusieurs gravures, comme celle ci-contre. Les réflexions de l’architecte Philostrate ayant dirigé les travaux, sont largement détaillés.

Cette enceinte va servir au VIème siècle, lors de combats opposant francs et burgondes. Viollet-le-Duc met en scène Clodoald, maître de l’armée de Godomar, fils du roi burgonde…

Siège au XIIIème siècleNous retrouvons ensuite notre oppidum au XIIème siècle, où son extrémité est occupée par un château féodal, celui de Roche-Pont. Le quatrième siège a lieu immédiatement après la construction de cette forteresse, largement assise sur les remparts romains.

Tout l’arsenal médiéval est au rendez-vous : trébuchets, mangonneaux, chat roulant… On se laisse prendre à l’histoire que l’on ne peut que lire d’un trait. L’auteur s’enflamme,  raconte les faits d’armes du baron, de ses hommes d’armes, et même du père abbé ! Jugez plutôt :

la prise des remparts« Arde, le beffroi ! cria frère Jérôme venant rejoindre la troupe du baron presque acculée à la tour, et avec sa longue plommée il se mit au premier rang, brisant têtes et bras »

A la fin du moyen-âge, une ville se développe de nouveau, et se dote d’une enceinte, mais il faut la faire évoluer pour prendre en compte une nouveauté de taille : l’artillerie à feu.

Effet de l'artillerie du XVème siècleLe cinquième siège sera effectué par l’armée de Louis XI, et nous permet d’imaginer l’impact des premières bombardes sur ces fortifications qui ne sont pas encore entièrement conçues pour y résister. Alliant réflexions sur les fortifications et les réparations de campagne et scènes d’action, le passage est à ne pas manquer…

Nous allons ensuite retrouver notre ville fortifiée au XVIIème siècle, date à laquelle elle est dotée de fortifications plus adaptées, ce qui donnera à Viollet-le-Duc l’occasion de nous donner un cours sur la conduite de siège à l’époque du roi Soleil.

Elle sera ensuite dotée de défenses par Vauban, défenses qui serviront en 1813 pour ralentir l’armée de Bohème entrant en France. La place ne cèdera pas, et seul l’armistice mettra fin aux combats.

Sigild et TomarCet ouvrage exceptionnel n’a malheureusement pas été réédité depuis 1978, mais se trouve encore facilement. N’hésitez pas, vous passerez un moment très agréable, l’évocation historique est d’une grande qualité !

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