La jambière… c’est le pied !

Les armures ont, de tout temps et jusqu’à la généralisation des armes à feu, fait partie de l’équipement des combattants, et donc font aujourd’hui partie du matériel du reconstituteur. Parmi les pièces d’armure, il est est une qui peut assez rapidement devenir infernale pour celui qui la porte, c’est la jambière…
Les premières jambières de l’antiquité vont être portées par les hoplites. Comme on le voit très bien sur la première photo qui illustre cet article, l’idée est de couvrir ce qui dépasse du bouclier : un casque pour la tête, et des jambières pour les jambes. Ces jambières sont en bronze et s’ouvrent et se referment sur la jambe du porteur, en jouant sur l’élasticité du métal (voir détail à droite).

Elles présentent toutefois un inconvénient diabolique… leur poids tend à les faire descendre, et ceci d’autant plus facilement qu’il est difficile de les resserrer sur la jambe du porteur. Le bas de la protection va venir « poinçonner » littéralement le coup de pied du porteur. Evidemment, on peut rembourrer le bas, mais cela ne suffit pas.

La solution va apparaître un peu plus tard, avec des jambières qui sont ouvertes sur l’arrière et tenues en place par des sangles. On peut ainsi les serrer sur le mollet plus facilement, et elles glissent moins, mais elles glissent encorer, et blessent le pied.

Les romains vont trouver une autre amélioration : ils vont généraliser les jambières articulées (déjà trouvées par les grecs, rassurez vous), avec une articulation au niveau du genou.

Quand on tend la jambe en marchant, cela évite que le haut de la protection ne tape sur le bas de la cuisse, ce qui tend aussi à la faire descendre (et à massacrer le pied du soldat). La sangle passe maintenant au creux du genou, ce qui n’est pas nécessairement le plus confortable, mais le pied va mieux.

A l’époque médiévale, on va rencontrer différentes formes de protections. Certaines sont assez simples, sous la forme d’une plaque de métal cintrée qui protège le tibia, mais ne descend pas très bas sur la cheville.

Le problème du coup de pied est résolu, mais pas celui de la protection de cette articulation essentielle qu’est la cheville. On trouvera aussi, comme dans l’antiquité, des jambières longues, très protectrices.

Le top du top sera le canon de jambe, formé de deux moitiés rejointes par une charnière qui englobent et épousent parfaitement le galbe de la jambe du combattant. Par contre, il va falloir pouvoir se les payer, surtout que le tout doit être accompagné du reste de l’armure de plate.

Finalement, les jambières seront une des premières pièces à disparaître avec l’évolution de l’armement. Seule la cavalerie lourde en conservera un lointain héritage, avec des bottes en cuir épais, qui ne permettent pas réellement de marcher, par contre. Finalement, la solution la plus simple était peut-être celle des légionnaires de César : avec un bouclier très long, le scutum, la jambe est protégée, et le pied du reconstituteur reste intact.

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