La trirème de Napoléon III

Inutile de s’étendre sur le fait que Napoléon III fut un grand passionné d’Antiquité, et de la guerre des Gaules en particulier. C’est un fait acquis qu’il s’intéressa à retracer l’histoire de la conquête de Jules César, tout comme son oncle d’ailleurs qui en avait tiré un certain nombre d’enseignements. On sait aussi qu’il fut le père de l’archéologie moderne, mais aussi de l’archéologie expérimentale, et notamment navale, et qu’il lança différents projets de reconstitution.

Peut-être avez-vous vu les photos (datant du Second Empire) montrant les fortifications romaines, reconstituées d’après les écrits de César. Nous en avons déjà parlé dans ce blog. Il fit également reconstituer différentes machines de guerre et des pièces d’équipement militaire de l’époque, mais basées sur la colonne trajane, car on ne savait pas bien à l’époque comment se présentait un légionnaire césarien.

En revanche, ce que l’on sait moins, c’est que Napoléon III rêvait de voir une véritable trirème romaine naviguer. Quand on est un souverain puissant, et riche de surcroît, il suffit de le dire, et le rêve devient réalité. Tout commence le 7 mai 1860, quand Augustin Jal, historien spécialiste de la marine antique, sort d’une entrevue spéciale avec l’empereur des Français. Ce dernier vient tout simplement de lui commander une trirème, ce fameux navire de guerre romain.

Ce n’est pas un vulgaire et couteux caprice de la part de Napoléon III ; celui est véritablement mû par un intérêt scientifique. Il désire comprendre les méthodes de construction, mais aussi la façon dont sont agencés les bancs de nage et les rameurs. Est-ce trois rangées de rames, ou plutôt trois rameurs par rame ? La question est encore débattue de nos jours.

Le chantier est établi au bord de la Seine, et peu à peu une trirème est construite : près de 40 m de longueur, et 5,5 m de largeur. Elle est conçue pour être manoeuvrée par 130 rameurs, sans compter le personnel « naviguant ». Elle est mise à flot un peu moins d’un an après, le 9 mars 1861, et s’en suivent les premiers essais de navigation, mais qui ne seront guère concluants. Dommage, car cela aurait peut-être sauvé cette magnifique trirème, qui fut alors conduite à Cherbourg pour y être désarmée.

 

 

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