Le gladiateur rétiaire
Au fil des années, nous vous avons présenté quelques combattants des amphithéâtres romains. Aujourd’hui, intéressons-nous brièvement à l’un des plus emblématiques : le rétiaire (retiarius en latin). Celui-ci n’a pourtant pas cette apparence de guerrier lourdement armé que l’on trouve chez ses confrères gladiateurs : aucun casque, ni bouclier. Mais son armement singulier lui a permis de rester dans toutes les mémoires, jusqu’à nos jours.
Et pour cause, car en guise d’armement, nous retrouvons sur notre homme des accessoires de pêche : un filet et un trident. Nous l’imaginerions plus normalement juché sur une barque en train de lancer son filet pour attraper quelque poisson, et le harponner. En fait, cette technique de pêche est transposée sur l’arène on ne sait pas vraiment comment. Sans doute est-elle née d’une envie de commémorer une bataille navale (on pense à celle d’Actium, en -31) ou de symboliser un dieu (Neptune en l’occurrence). Cette apparition aurait plu au public, et peu à peu un gladiateur serait né.
D’autres justifications plus historiques pourraient également être avancées, mais intéressons-nous davantage à cette panoplie hors norme. Notre homme tient trois armes en vérité : son filet, son trident (qu’il doit manier des deux mains), mais aussi un poignard qui lui sert au corps à corps, et qu’il tient dans la même main que la hampe de sa fourche, ce qui n’est pas toujours aisé. Il n’a donc pas la capacité de tenir en plus un bouclier.
C’est pourquoi les concepteurs de cette armatura (catégorie) l’ont pourvu d’une épaulière (injustement baptisée galerus). Elle couvre l’épaule gauche, la plus exposée en position d’attaque ou de défense. Elle est sanglée par-dessus le brassard (qui protège le bras armé, pour éviter qu’un blessure abrège le combat). Plusieurs épaulières ont été retrouvées par les archéologues, dont une décorée de symboles marins, comme le montrent les photos.
Les textes antiques nous apprennent que le rétiaire achevait aussi les condamnés à mort qui étaient exécutés dans les arènes. Il est possible qu’au début, des organisateurs aient tenté d’opposer deux rétiaires, mais ce duel n’eut pas d’avenir. On le confronta d’abord à un gladiateur mirmillon, mais le filet s’accrochait trop facilement sur le cimier anguleux. Aussi on lui substitua un nouvel adversaire créé spécialement pour lui à la fin du règne de Tibère, ou au début de celui de Caligula : le secutor.
Ce dernier possédait le même armement que son prédécesseur, mais son casque fut inventé pour que le filet glisse plus facilement dessus, et ne déséquilibre pas le duel. Cette nouvelle opposition remporta rapidement un grand succès auprès des spectateurs, et elle perdura durant plusieurs siècles.
