Le glaive, à droite ou à gauche ?

Tout le monde connait la silhouette si caractéristique du légionnaire romain, avec son casque avec des gardes joues articulées et un grand couvre nuqye, son imposant bouclier, le scutum, sa cotte de maille avec de fortes épaulières ou bien sa lorica segmentata, sa tunique, son glaive… Mais en y regardant de plus près, aviez vous remarqué que les légionnaires portent, à l’époque du haut-empire, leur glaive sur le côté droit ?

A toutes les époques, l’épée, ou la rapière, se porte à gauche, car sortir une arme de son fourreau du côté droit avec la main droite semble bien peu pratique. En fait, pour comprendre, il faut essayer… Imaginez que vous portez à gauche un lourd bouclier de plus de 10kg, et que votre glaive est à gauche. Vous êtes en ligne et votre ligne vient justement d’être percutée par la ligne adverse. Votre bouclier est plaqué sur votre armure, et le glaive, justement, est coincé dessous. Mission impossible, vous ne l’attraperez pas !

Supposons tout de même que vous puissiez le faire… dans le mouvement vous allez ouvrir et dégager votre flanc droit, qu’un adversaire pourrait bien être tenter de piquer avec sa propre arme. Clairement, l’arme à gauche dans un combat en formation serrée avec bouclier, cela ne présente pas que des avantages. En pratique, seuls les centurions, qui se distinguent en tout, vont la porter à gauche, comme sur la photo ci-contre.

Pour dégainer une arme du côté droit, rien de plus simple : on présente la main le pouce vers le bas, paume vers l’avant, on saisit la poignée, et on tire vers le haut. Si vous essayez, vous verrez que vous restez relativement fermé, et ne donnez pas grande ouverture à celui qui est devant vous pendant le mouvement. Le glaive à droite donne un autre avantage : vous avez un fourreau garni de plaques métalliques sur le côté qui n’est pas protégé par le bouclier, cela peut toujours aider.

Évidemment, pour que cela fonctionne, il faut que l’arme soit relativement courte. C’est le cas à l’époque impériale classique. Le glaive de Fulham, ci contre, dont une copie est enfin disponible et qui a une lame de type Mayence avec une pointe extrêmement effilée pour s’insinuer entre les anneaux de cottes de mailles, a une lame de 74cm de long. Les versions suivantes du glaive romain, les types Pompéi (exemple de reproduction à gauche), ont des lames encore plus courtes, de l’ordre de 70cm.

A la fin du second siècle de notre ère, les armes s’allongent. Cet allongement est la conséquence d’une évolution de l’environnement du combattant romain : les batailles rangées en formation disparaissent, au profit de combats plus ouverts, qu’ils aient lieu dans les forêts de Germanie ou dans les déserts à la frontière entre la Syrie et l’empire Parthe puis Perse. Petit à petit, les armes croissent en taille, comme la nouvelle reproduction de l’arme de Feltwell, à droite.

Du coup, nos légionnaires vont se mettre à porter l’arme du côté gauche, et ceci dès la fin du second siècle. Le mode de suspension change, et le baudrier va devenir la règle. De manière surprenante, le pugio, ou poignard qui se porte à l’opposé du glaive, s’agrandit également. Peut-être afin que le combattant puisse sortir une arme de bonne taille si son épée est bloquée sous le bouclier ?

Plus on avance dans l’antiquité, et plus l’épée s’allonge. Les armes subissent d’ailleurs clairement une influence germanique. Au IVème siècle, le baudrier va progressivement disparaître, au profit d’une large ceinture dans laquelle l’arme se fixe, comme sur notre combattant tardif à droite.

Alors à la question le glaive, à droite ou à gauche ? vous savez maintenant quoi répondre : à droite, puis à gauche !

 

 

 

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