Le montage d’une cuirasse à écailles

La question principale que se posent régulièrement les reconstituteurs désireux de se confectionner une cuirasse à écailles, en fer ou en laiton, est : comment assembler toutes ces écailles trouées en de multiples endroits ? La chose est simple, peu facile cependant à expliquer sans une bonne image, et nécessite quelques heures de travail, bien moins cependant que pour fabriquer une cotte de mailles.

Avant de voir comment faire, un peu d’histoire…

Les écailles sont connues depuis la plus haute Antiquité en Orient. Les Mésopotamiens, les Scythes, les Grecs, les Perses, les Indiens… les utilisent pour confectionner des cuirasses, ou pour renforcer des protections en cuir ou en tissus collés. Les céramiques grecques montrent régulièrement des plaques d’écailles ajoutées sur les flancs ou l’abdomen des linothorax. En Italie, elles sont utilisées en Grande Grèce (le Sud de la péninsule), mais aussi dans le Nord, chez les Etrusques, à l’exemple des Grecs. Cependant, quand Rome prend l’ascendant sur le pays, on ne retrouve plus d’écailles. Elles font leur réapparition au tout début de l’Empire seulement, sans doute sous l’influence de peuples orientaux combattus par les légions romaines. Elles ne vont dés lors cesser d’être en usage jusqu’au Moyen-Âge. On connaît aussi des écailles non métalliques, en cuir ou en corne par exemple.

La lorica squamata (nom romain) est une protection aboutie, car elle garantit contre les des coups de taille, mais moins contre les coups d’estoc, car un coup de pointe peut s’insinuer entre deux rangées d’écailles et percer le support (c’est pourquoi certains types d’écailles sont aussi perforées sur le bas. Voir ci-contre). Elle n’est de plus pas aussi confortable que la cotte de mailles, dont la survie a été la plus longue (1500 ans environ), mais qui, quant à elle, protège mal des coups de taille violents qui peuvent briser des os. La cotte à écailles est donc plus efficace de ce point de vue, car la surface offerte est plus rigide. Bref, aucune protections corporelles n’est la meilleure en tout ; le soldat qui choisit sa cuirasse doit savoir ce qu’il veut privilégier.

De nombreuses découvertes archéologiques nous font comprendre la technique d’assemblage des écailles. Cette technique varie en fonction du nombre de trous présents sur chaque écaille. Etudions le montage des écailles proposées par ARMAE.

Ces écailles présentent 5 trous : 2 sur chaque côté, et 1 plus important au sommet. Ces orifices latéraux ne sont nullement destinés à recevoir des rivets, comme on le croit souvent. Les écailles doivent être superposées régulièrement en faisant coïncider leurs bords perforés. Il faut ensuite relier ces écailles à l’aide de petits fils de fer (inoxydables c’est mieux) ou de laiton, comme des agrafes. On peut ainsi solidariser des rangées entières d’écailles qui seront ensuite cousues sur le support de forte toile ou de cuir, en commençant par le bas de la cuirasse et en remontant jusqu’au col.

Pour la fixation des rangées d’écailles sur le support, il faut privilégier un fil poissé très solide, car les mouvements du corps engendreront sur les écailles des effets de cisailles qui pourront à la longue user et couper les fils. Le schéma ci-dessus (emprunté à l’excellent site de la XXe légion aux USA) donnent un aperçu du montage.

Comptez environ 1500 à 2000 écailles pour faire une chemise simple de forme (cylindrique), sans manche. Les manches ne peuvent se concevoir que sous la forme de plaques raportées ne couvrant que la partie extérieure du bras. Il n’est guère pratique de faire des manches cylindriques qui n’auront de toute façon aucune souplesse.

voir : http://armae.com/fournituresgenerales/ecailles_pour_armure.htm

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