Les Derventiales : une fête antique à Drevant

Nous témoignons souvent sur ce blog d’animations antiques à travers la France, mais il y a de très nombreuses années que nous n’avions pas parlé des Derventiales. Ce nom vient de la commune de Drevant, dans le Cher, non loin de St-Amand-Montron. Depuis une douzaine d’années pourtant, une poignée de bénévoles s’ingénient à organiser un rassemblement antique pour faire connaître les vestiges gallo-romains locaux, notamment un très bel exemple d’amphithéâtre-théâtre, où nos ancêtres venaient voir autant des animaux sauvages que des gladiateurs, mais aussi écouter des comédies ou des tragédies.

Comme il se doit, plusieurs troupes de reconstitution étaient de la partie : des  légionnaires romains, des gladiateurs, des Germains, et on attendait aussi des Gaulois. Certains sont venus de Tchéquie, avec leur savoir-faire, mais aussi leur technique de combat un peu déroutante. Malheureusement, le groupe des Arverni, qui devait donner un peu de fil à retordre aux soldats romains, n’est jamais arrivé à destination. Leur camion de matériel a brûlé sur l’autoroute, détruisant 95% de leur matériel. Les membres d’une troupe qui liront ce post imagineront sans peine quel traumatisme nos camarades ont vécu. Souhaitons leur bonne chance pour renaître, car ils en ont bien l’intention.

La fête a donc été un peu gâchée par ce drame qui a marqué tous les esprits, mais le public est venu deux fois plus nombre que les années précédentes, et il fallait bien que les participants s’occupent d’eux et leur présentent leur travail de reconstitution. Coincé entre un charmant village et un paisible canal, l’amphithéâtre a été le théâtre (sans jeu de mot) des combats de gladiateurs. Rétiaires, sécutores, hoplomaques, thraces, mirmillons ou provocatores se sont succédés devant un public captivé par une histoire qu’il connaissait mal. La gladiature continue de véhiculer bien des fantasmes…

Légionnaires césariens et impériaux ont pu illustrer deux époques de l’histoire romaine et présenter toutes les évolution de leurs équipements sur 150 ans. Les batailles contre les barbares ont bien sûr ravis petits et grands. Pour beaucoup, la dimension pédagogique de ces démonstrations guerrières passe hélas au deuxième plan, derrière le spectacle bon enfant. Il n’empêche que l’objectif n’est pas de se taper dessus, mais bien d’expliquer les techniques des protagonistes.

Il y avait bien d’autres reconstitution, dont la plus spectaculaire était sans doute celle d’une ferme gauloise, avec ses huttes, son grenier sur pilotis, et ses enclos peuplés d’espèces anciennes de moutons, de chèvres, de vaches ou d’ânes. On pouvait également assister à la transformation d’un lingot en une hache ou une épée en bronze, fondu dans un creuset sous la flamme avivée par des soufflets en peaux, comme on le faisait il y a 2800 ans. Bref, loin des festivités qui émaillent le sud de la France, doté d’un si riche patrimoine, l’ambition et le travail d’équipes de bénévoles permettent aussi de faire découvrir ailleurs l’Antiquité à nos concitoyens des territoires ruraux, et ce n’est que justice. Gageons que ce type d’initiatives perdure longtemps encore. Mesdames et Messieurs les élus, à bon entendeur !

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