Les deux crans de la platine à silex…

Tous les reconstituteurs passionnés du XVIIIème siècle ou du Premier Empire ont déjà vu fonctionner une platine à silex… On ramène le chien en arrière en tirant fortement avec le creux du pouce – ou le poing fermé car il faut souvent y aller fort – puis on actionne la gâchette… Le silex coincé dans le serre pierre vient heurter la batterie, produisant une gerbe d’étincelles qui enflamme la poudre située dans le bassinet. La flamme se propage dans le canon, passant par un petit trou nommé lumière, allumant la charge qui propulse la balle.

Tous ceux qui ont dèjà essayé le savent, il y a deux crans pour armer le chien. Au premier cran, on a beau actionner la gâchette, rien ne se passera. C’est en fait une position de sécurité qui permet de placer les doigts devant le chien sans risque, pour nettoyer la lumière ou le bassinet par exemple. Mieux vaut ne pas mettre ses doigts sur le chemin du chien… Si vous avez un doute, prenez un crayon à papier, placer le sur la trajectoire, et actionnez la gâchette, vous verrez !

Pour pouvoir tirer, il faut ramener le chien en arrière au second cran. Mais que se passe-t-il donc de l’autre côté de la platine pour que tout cela fonctionne correctement ? La détente pivote autour d’un axe (la flèche sur la photo ci contre). Quand on la presse, on fait remonter une pièce métallique que l’on voit au fond d’un trou, dans le bois de l’arme.

Cette pièce vient pousser vers le haut une tige métallique, ce qui débloque le chien, qui part frapper la batterie, actionné par un ressort plutôt puissant. Mais regardons donc comment cette platine est faite, à l’intérieur…

Elle comprend cinq pièces. La plus importante est la noix, solidaire du chien (C sur notre photo). Elle est maintenue en place par une pièce (D) nommée bride de noix. Cette noix, lorsque l’on tire le chien en arrière, va comprimer un grand ressort (B), grâce à un petit ergot qui se loge dans une petite courbe du ressort. La noix est bloquée en place par la gâchette (A), qui est dotée d’un petit cran qui s’insère dans les cliquets de la noix.

Lorsque l’on presse la détente, on va donc remonter vers le haut la tige métallique perpendiculaire à la platine qui termine la gâchette, et l’on sort le cran du cliquet de la noix… du coup, le ressort peut pousser la noix, rabattant le chien. La photo ci-contre montre la position de l’ensemble à l’issue de la manoeuvre.

Mais nous avions parlé de deux crans… où sont ils donc ? Pour cela, nous allons ôter la bride de noix pour vous permettre de mieux voir l’assemblage noix – gâchette. Sur la photo ci-contre, on voit bien deux cliquets sur la noix. En C1, on a une encoche assez profonde, qui correspond à la position de sécurité. En C2, on voit une toute petite encoche, qui correspond à la position prêt à tirer.

La pointe de la gâchette s’insère bien sur dans ces cliquets, comme sur la photo à gauche. Lorsqu’elle est dans le cran C1, elle est coincée et ne peut aller sur l’avant. On ne peut l’en sortir que par l’arrière, c’est à dire en continuant à tirer le chien en arrière, jusqu’à la positionner dans le cran C2. Là, la situation est différente… la pointe est à peine bloquée, et une simple pression sur la détente va pousser la gâchette vers le haut, et débloquer la noix.

Le ressort est tellement puissant que la noix va tourner immédiatement, trop vite pour que le bout de la gâchette ne puisse s’engager dans le cran de sécurité… et c’est parti !

Il reste une pièce dont nous n’avons pas parlé… le petit ressort de gâchette. Il est essentiel car il pousse la gâchette en position dans les deux cliquets, et empêche de manoeuvrer trop facilement la détente. Si il est trop raide, le mécanisme marche difficilement. Si il est trop souple, le coup part tout seul. Tout est dans le réglage.

Si le sujet vous intéresse, dites le nous… nous pourrons vous expliquer dans un prochain article comment adoucir un ressort, si vous voulez une détente plus souple…

 

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