Les fortifications d’Alésia

Pour faire suite à l’inauguration du muséoparc d’Alésia, la semaine dernière, intéressons-nous un moment aux fortifications reconstituées dans la plaine des Laumes, sur l’emplacement de l’antique circonvallation construite par les légionnaires de César. Les détracteurs du site d’Alise-Sainte-Reine, qui aimeraient bien voir Alésia chez eux plutôt que là, oublient de se plonger dans le dossier archéologique qui abondent de témoignages sur le système d’encerclement romain. Tout y est : les fossés, les parapets, les traces de tours et de portes, et les différents pièges… et bien sûr la seconde ligne de défense tournée vers l’extérieur cette fois, pour arrêter l’armée de secours gaulois : la contrevallation. L’ensemble est bien daté archéologiquement au milieu du premier siècle avant J.-C
 
Beaucoup se sont intéressés au génie romain, dont Napoléon Ier qui a écrit un ouvrage : « Précis des guerres de Jules César ». Mais c’est surtout son neuveu, Napoléon III, qui s’est penché véritablement sur la localisation des batailles et qui a lui aussi écrit une oeuvre monumentale à ce sujet : « La guerre des Gaule de César », rééditée il y a quelques années. C’est lui qui a notamment commandé les premières fouilles sur le site d’Alise-Sainte-Reine et a mis à jour les premiers vestiges archéologiques, reconnus d’une grande cohérence aujourd’hui, grâce aux progrès de la science. L’empereur a également fait reconstituer des panoplies de légionnaires (plutôt copiées sur les reliefs de la colonne trajane), a fait manoeuvrer sa garde pour comprendre la technique militaire romaine, et fait reconstruire des machines de guerre et des fortifications. A ce titre, Napoléon III peut être à juste titre considéré comme le père de l’archéologie, de l’archéologie expérimentale, et même de la reconstitution.
 
Les fortifications césariennes sont généralement bien décrites dans les Commentaires du proconsul, et sur cette base, des reconstitutions ont été entreprises sous son règne, à Meudon. La technique de l’empillement des mottes de gazon pour édifier les murs des parapets a été bien comprise et respectée, comme on peut le voir sur les photos d’époque ci-contre. La porte avec ses deux tours hautes de trois étages et reliées par une passerelle est reproduite d’après une description de César à propos d’une autre bataille.
Il y a une trentaine d’année, l’archéodrome de Beaune (aujourd’hui détruit) a présenté à son tour au public une reconstitution des lignes romaines à Alésia, mais avec des fossés en béton pour durer dans le temps. Les tours avaient trois étages aussi, mais l’archéologie a depuis démontré qu’elles n’en avait qu’un à Alésia. César ne fournit pas de précision à propos du siège d’Alésia. En réalité, César donne une description apparemment détaillée des travaux d’investissement de l’oppidum gaulois, mais en compilant parfois des éléments de plusieurs secteurs, pour faire court. La topographie et la nature variable des terrains empêchaient en effet de faire un schéma uniforme, qui devait être adapté par endroit à l’environnement.
 
Les reconstitutions du muséoparc d’Alésia respectent (autant que faire se peut, car là encore elles sont destinées à durer) au mieux les nouvelles données archélogiques, relevées sur le secteur de l’Epineuse par plusieurs campagnes de fouilles récentes, à l’endroit où la contrevallation et la circonvallation étaient les plus proches. Les tours sont espacées d’une 15e de mètres, avec les poteaux porteurs avant noyés dans la masse du talus. Des lignes fortifiées perpandiculaires permettaient en outre d’aménager des bastions intérieurs pour le logement de troupes.
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