Les Romains et les poils…

Scipion n’a pas seulement vaincu les Carthaginois en rasant leur capitale, il a aussi lancé la mode des crânes rasés. Le vainqueur de la troisième guerre Punique impose cette mode d’influence Hellénique. Dès lors, d’autres grands personnages de l’Etat passent à la « boule à zéro ». Marcellus, le vainqueur de Syracuse, est le premier à apparaître sans cheveux sur des pièces de monnaies.

Les fines lames, les barbiers siciliens, viennent à Rome exercer leurs savoir-faire dans l’art de caresser les crânes au plus près. Bientôt, les Romains de plus de 40 ans prennent le pli et se rasent par souci de coquetterie. Certains n’hésitent pas à se faire épiler les poils ce qui provoque les sarcasmes de Martial : « Tu épiles ton visage avec le psilothrum, et ton crâne avec le dropax. Est-ce que tu crains le barbier, Gargilianus ? S’il te reste quelque pudeur, cesse de déshonorer ainsi ta misérable tête. Ce rôle ne convient qu’à l’organe secret des femmes… »

Pour ce qui est du système pileux du visage, il faut attendre d’avoir une véritable barbe pour se raser et devenir un homme. Dans la 21ème année, la cérémonie appelée « barbae dépositio » marque l’entrée véritable du jeune homme dans l’âge adulte. Par tradition, cette première barbe est offerte aux dieux.

Dès lors, les hommes se doivent de garder une barbe parfaitement entretenue. Elle constitue en effet un signe extérieur important. Ne plus se raser est immédiatement interprété à Rome comme une marque de deuil ou de chagrin.

 Avec le début de l’Empire, la barbe tend  à disparaître. Par contre, les cheveux repoussent.

Sous Néron, avec la poésie et le culte d’Apollon, les boucles dégoulinent à l’excès sur les épaules et les soins capillaires n’ont pas de limite. Le fer à friser, le Calamistrum, sculpte les cheveux des mondains de l’Empire. Cet instrument, composé d’une tige creuse de roseau dans laquelle on glisse une tige pleine que l’on fait réchauffer dans la cendre, va faire fureur. 

Ceux qui, comme Gabinius, ont les cheveux bien peignés et une frange de boucles humides de parfum attirent les moqueries de leurs contemporains masculins qui se méfient des efféminés à bouclettes dégagées. Sénèque fustige ceux « qui passent de longues heures chez le coiffeur, où l’on détache ce qui a poussé la nuit précédente, où l’on libère chaque cheveu, où l’on remet en ordre la coiffure ébouriffée, où l’on ramène sur le front les mèches éparses. Quelle rougeur, quelle indignation, si quelque détail n’est pas bien en ordre, si tout ne retombe ne pas en boucles égales ! Pour eux, le bouleversement de l’état est moins important que leur chevelure… »

Deux siècles plus tard, sous les Antonins, les chevelures se font plus abondantes. On passe du bouclé au « frisé ». Puis, soudain, à la moitié du 2ème siècle, les hommes retrouvent une coupe courte et austère qu’affectionnent les stoïciens et qu’adopteront les premiers chrétiens.

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