L’homme au siècle des Lumières

Après nous avoir fait découvrir l’homme à la fin du Moyen-Âge, Florent Véniel nous transporte cette fois au siècle des Lumières. Avec son deuxième ouvrage dans la collection Histoire Vivante (aux Editions ERRANCE), l’auteur nous immerge dans une autre époque qu’il affectionne et nous dévoile avec une égale érudition.

Dans l’ombre d’événements marquants de notre Histoire, somnolent des pans entiers, boudés par la faveur populaire qui lui préfère trop souvent la furie des batailles, les figures des grands capitaines ou les mythes consacrés fondateurs (souvent de toute pièce, et de préférence violents). Finalement, plus que la paix, la guerre enthousiasme davantage les générations postérieures qui ont eu le bonheur de ne pas en souffrir. Pourtant, les temps de paix ne sont pas synonymes d’oisiveté indolente, de conservatisme ou de résignation. L’homme a montré sa capacité à s’élever en créant des conditions favorables à l’essor de la société, et cela est particulièrement vrai au XVIIIe siècle. Coincée entre l’absolutisme du Roi Soleil, et avant que ne la voilent les heures sombres de la Révolution française, la lumière a éclairé d’une rare intensité cette époque trop négligée par les historiens. Entre Louis XIV et Louis XVI, dont la chronique des règnes emplissent tant de livres, on oublie plus volontiers qu’il y eut aussi une Régence et un autre Louis, quinzième du nom. La France d’alors connaît une profonde mutation, dont le rayonnement touche toute l’Europe. Cette période brillante, que certains font durer jusqu’à la Révolution et d’autres jusqu’à la fin de l’Empire, a été astucieusement baptisée « Siècle des Lumières ». Cette métaphore s’explique par une soif de renouveau et de connaissance, incarnée par les philosophes. L’évocation de leur nom symbolise à elle seule « les Lumières » : Montesquieu, Rousseau, Voltaire, Diderot et bien d’autres. Cette élite intellectuelle s’entretient avec toutes les cours d’Europe, où l’on parle désormais français. Préparant les bouleversements de 1789 et la Déclaration des Droits de l’Homme, leur pensée moderne, marquée par la raison et la critique, se heurte au pouvoir politique et religieux. Mais le XVIIIe siècle est aussi le temps des grands explorateurs, des découvertes scientifiques, des Arts et des Lettres ; c’est une ère de progrès.

Cette société en ébullition est merveilleusement illustrée dans cet ouvrage grâce à une galerie de portraits originaux, qui ressuscite pour nous la variété des statuts et des métiers, reflétés par les costume et accessoire. Fidèle à l’esprit des Lumières, nous découvrirons ainsi un philosophe, Beaumarchais en l’occurrence. Le monde des Lettres sera encore abordé avec le journaliste révolutionnaire Camille Desmoulins, dont les écrits pouvaient être rendus publics grâce à l’afficheur. D’autres petits métiers sont également présentés, du paysan au laquais, du prévôt au médecin, mais aussi les classes supérieures des bourgeois et des nobles, dont certains sont devenus bien libertins en ce XVIIIe siècle.

Dans le monde de l’Histoire Vivante, malheureusement bien peu s’ingénient à faire revivre cette époque faste. C’est grand dommage, car nous ne manquons pas en France de beaux lieux à animer. Florent Véniel a donc le double mérite d’avoir osé reconstituer ce XVIIIe siècle, et de l’avoir mis si magnifiquement sous les feux de la rampe, ou pour dire plus simplement, « en lumière ».

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