Mais pourquoi donc les romains mettent-ils des fleurs sur ces casques ?

Cette semaine, nous avons choisi de nous intéresser à un drôle de mystère décoratif…

Pourquoi diable les militaires romains se mettent ils à décorer leurs casques de drôles de rosaces dont le motif rappelle une marguerite au premier siècle de notre ère ?

La guerre des gaules va être l’occasion pour l’armée romaine de découvrir de près l’armement des combattants celtiques. Les soldats romains sont en grande majorité dotés de casque en bronze, mais les gaulois portent des modèles en fer, qui vont rapidement être adoptés par Rome.

Les dérivés de ces casques vont donner naissance à une famille nommée dans les années 70 les casques impériaux gaulois.

Le premier de la liste, dans l’ordre chronologique, sera nommé type A par Russell-Robinson, qui va les classifier pour la première fois. Il est caractérisé par une bombe renforcée de « sourcils » qui font office de raidisseurs, il a une visière qui a en fait pour but de protéger des coups d’épée de face, il a un large garde nuque, et des gardes joues articulées, avec deux encoches, une pour la bouche et une pour donner aux yeux une bonne vision latérale.

Ce casque va s’enrichir rapidement, avec des joncs en laiton délimitant les gardes joues – du coup les encoches pour les yeux et la bouche seront moins marquées – mais aussi le garde nuque.

Un belle bande décorative apparait également au niveau du front. Nous sommes nombreux à penser que cet ajout n’est pas seulement décoratif : quand on attrape son casque, on va plutôt toucher les parties en laiton, et il rouillera moins.

On voit sur ce modèle deux rivets destinés à fixer les garde joues, et un rivet sur chacun de ceux-ci, pour fixer un anneau servant à passer une sangles de cuir qui ferme le casque.

Nous sommes-là dans le premier quart du premier siècle. Et c’est là que quelqu’un doit se dire que ces rivets, c’est pas beau… Et on voit apparaître sur les modèles suivants de belles rondelles décorées en forme de fleur, pour « égayer » ces rivets. Sur le modèle ci-contre, dit de Sisak,les rondelles n’ont pas encore gagné les garde joues.

 

Si l’effet décoratif est indéniable, l’intérêt de mettre une rondelle du côté de la tête du rivet est… à peu près nul ! Ceux qui pratiquent le rivetage savent que c’est de l’autre côté qu’il faut utiliser une rondelle… Un peu plus tard, la rondelle gagne les gardes joues, et voire même le couvre nuque.

C’est le cas sur les modèles G et H, où les rivets qui tiennent les rondelles en place ne servent… à rien d’autre ! D’ailleurs on constate que les rivets qui tiennent les charnières des gardes joues sont depuis maintenant dans la bande frontale de laiton qui décore l’avant du casque, et que ceux qui sont au-dessus ne servent… qu’à tenir les rosaces en place !

Nos rondelles, d’abord cachées à l’intérieur du casque, passent à l’extérieur, et d’éléments utilitaires deviennent purement décoratif, étant associées à des rivets… tout à fait inutiles maintenant. Il existe tout de même, à la même époque, des casques tout à fait dénués de décorations, comme lemodèle ci contre, complètement épuré.

Bizarrement, à la fin du premier siècle, ces rosaces s’estompent. Au second siècle, on verra apparaître des décorations un peu curieuses, comme sur le modèle de Niedermormter, qui montre des souris jouant avec des fromages (ce n’est pas très martial, tout de même…). Il est vrai que ces modèles tardifs sont assez éloignés des formes celtes de départ, et rattachés à la tradition « italienne » plus que celte.

Etonnante histoire que celle des ces rondelles utilitaires qui deviennent décoratives, quitte à perdre toute utilité ! Le légionnaire était coquet, en ce temps là…

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