Petite histoire de l’épée grecque…

Le hoplite est le combattant emblématique de l’époque grecque classique. Bien protégé derrière son imposant bouclier, portant un casque en bronze, des jambières en métal, notre homme combat essentiellement à la lance. Pour autant, la plupart des hoplites portent également une épée, objectivement difficilement utilisable lors d’un combat en phalange. Mais quelle est donc l’origine de cette arme ?

La première épée date du milieu du troisième millénaire avant JC. Il s’agit d’une simple lame sans soie, de forme globalement triangulaire rivetée à une poignée probablement en bois. Il va falloir attendre l’époque achéenne, et surtout les mycéniens, pour voir se généraliser une arme longue, en bronze. Aux alentours de 1700, elle mesure plus d’un mètre, et commence à être dotée d’une petite soie, qui entre dans une poignée en ivoire ou bois. Celle-ci se termine toujours par un pommeau assez imposant, souvent circulaire ou en forme de cône très aplati.

Epées mycéniennes type A

L’image ci-dessus montre deux superbes reconstructions d’armes de type A, avec leur forme extrêmement effilée. L’arête centrale est très marquée, et sert à renforcer l’arme et à éviter qu’elle ne plie… Le type B est plus trapu, et plus court, avec une soie plus longue. Le type Ctype C, qui apparait au milieu du second millénaire, est clairement une amélioration des types A et B, avec une garde en bronze coulée avec la lame. Cette garde remonte vers la main du guerrier, lui donnant une forme aisément reconnaissable.

Avec le type D, les branches qui forment la garde s’arrondissent. Vers 1200, la lame devient plus plate (type E), et peut même être creusée de gorges (type F). Les tailles sont maintenant plus réduites, et les armes de plus de 50cm sont rares.

epee_mycenienne_bonze_type_GA la fin de l’époque mycénienne apparait le type G. La garde redevient plus marquée, mais vers le bas cette fois, et le pommeau est remplacé par une forme en T, solidaire du reste de la lame et de la soie, coulées d’un seul tenant. Les armes sont d’aspect plus robuste, avec des lames larges marquées de nervures et gorges, et mesurent de 40 à 60cm. C’est une pièce de cette époque que nous proposons à notre catalogue.

A l’époque archaïque, le fer remplace le bronze. Étonnamment, on retrouve au VIIIème siècle la forme des armes mycéniennes primitives, avec de longues armes effilées de près de un mètre de long. La lame est en fer, mais la poignée est en bronze.

L’évolution qui avait marquée le second millénaire va se reproduire encore une fois, mais avec une arme d’acier cette fois. La lame va tout d’abord se raccourcir aux environs de 80cm, tout en restant relativement effilée. Cette forme est attestée par de nombreuses représentations sur des vases et céramiques, mais à aussi été retrouvée en Italie du Sud, notamment à Alfedena. La reproduction ci-dessous, récemment ajoutée à notre catalogue, est sans doute la plus emblématique de la période.

epee_de_alfedena

Au Vème siècle et à l’époque classique elle va atteindre sa forme définitive, qui perdurera même à l’époque hellénistique. La lame s’épaissit quelque peu, comme sur le modèle de Campovalano, que nous avons également ajouté récemment :

epee_de_campovalano

 Vous serez sans doute surpris de voir cet article sur l’épée grecque illustré par des reproductions de modèles trouvés en Italie… L’explication est assez simple. A cette époque, en Grèce, on n’inhume plus le combattant avec ses armes, mais cette traditions perdure en grande Grèce, qui a assez globalement adopté les équipements et tactiques grecques… Si ces deux répliques ont des poignées en fer et os, des armes à garde en bronze existent, comme notre référence Sw118.

A l’époque d’Alexandre, une nouvelle forme d’épée apparait, le kopis. Il s’agit d’une lame courbe, plutôt destinée à frapper de taille (nous en avons deux modèles, le SW101 et le SW102). Cette arme sera également largement utilisée en Espagne et Italie.

En 146 avant JC, avec la mise à sac de Corinthe par les troupes de Rome, le règne du Xyphos (nom grec de l’épée) et du Kopis s’arrête… Place au glaive, mais c’est une autre histoire…

 

 

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