Pourquoi l’arbalète ?

A la fin du Moyen-Age, et jusqu’à ce qu’elle soit détrônée par les armes à feu, l’arbalète va être omniprésente sur les champs de bataille, supplantant largement l’arc. D’accord, la puissance du carreau est supérieure à celle de la flèche de l’arc, et peut percer de nombreuses armures, mais la cadence de tir est bien plus faible, de l’ordre de 3 coups minutes maximum, pour une dizaine pour l’archer.

Alors, où se trouve donc l’explication ? Elle est en fait assez simple… C’est très facile de former un arbalétrier, cela ne prend que quelques semaines, là où il faut des mois de pratique pour un archer. Contrairement à l’apparence, un arc est beaucoup plus technique et est plus complexe à fabriquer. Sa réalisation est l’apanage de facteurs d’arcs, alors que de nombreux forgerons et charpentiers peuvent construire une arbalète. En résumé, si vous voulez équiper et former vite une armée nombreuse, il vaut mieux opter pour des arbalétriers que des archers !

En plus, la question de la puissance du trait n’est pas neutre. Les premières arbalètes s’arment à la main, ou en utilisant un crochet et un levier, nommé crannequin. On va ensuite inventer des dispositifs permettant d’augmenter la puissance. Les arbalètes à tour utilisent un système de poulies, et les arbalètes à cric une sorte d’engrenage, les deux démultipliant la force de l’arbalétrier. On va ainsi atteindre des puissances de l’ordre de 500 livres, là où les arcs dépassent rarement 150 livres. Les effets sur les armures sont nettement plus dévastateurs.

Conséquence de la lenteur de rechargement, l’arbalétrier va devoir être protégé pendant qu’il opère… Et c’est ainsi que l’on voit apparaître des boucliers particuliers, les pavois, destinés à être posés sur le sol, et derrière lesquels le combattant s’abrite.

Mais bientôt, arquebuses et fusils relégueront l’arbalète au musée… ou au sport. De nos jours, si il est facile de trouver des armes pour les compétitions de tir, les arbalètes « médiévales » reconstituées sont plutôt rares, et en général uniquement décoratives (cela veut dire que quand on les arme… l’arc peut tout à fait se désolidariser et venir rendre une visite inopinée au combattant). Donc… prudence pour les reconstituteurs !

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