Reconstituer un canon décoré du XVIIe siècle

Tout le monde connaît peu ou prou l’histoire du Vasa : le fleuron de la flotte suédoise construit pour le roi Gustave II, et qui chavira et coula en 1628 dans le port, quelques minutes seulement après sa mise à l’eau inaugurale. L’eau et la vase enfouirent jusqu’à son souvenir, et ce n’est qu’à la fin des années 50 que l’épave fut retrouvée et renflouée après de spectaculaires opérations très médiatisées à l’époque. Exposé aujourd’hui dans un musée dédié à Stockholm, le navire est l’une des attractions les plus courues de Suède.

Les conditions et la soudaineté du naufrage furent une « chance » pour les archéologues, car ils purent étudier une époque et une société littéralement fossilisées, un peu comme celles révélées par les ruines de Pompéi recouvertes et protégées par les cendres du Vésuve. De nombreux marins trouvèrent la mort, que l’on redécouvrit, avec leurs vêtements, leurs outils, leurs accessoires du quotidien : des meubles, des pièces de monnaie, des armes, de la nourriture…

Des milliers d’artefacts refirent ainsi surface, dans un état remarquable, comme si le vaisseau avait traversé les siècles pour nous offrir spécialement une formidable fenêtre sur le passé. Nos connaissances sur la marine et la société de cette époque ont ainsi fait d’immenses progrès.

La muséologie du musée contenant le Vasa est tout à fait spectaculaire et très didactique, faisant la part belle aux reconstitutions. C’est ainsi que de nombreux projets ont pu être imaginés, dont celui de reconstituer des canons du Vasa, rien de moins ! La puissance de feu du Vasa était remarquable, avec près d’une cinquantaine de gros canons de 24 livres, de fabrication récente. Chacun était fondu individuellement, dans des moules à usage unique, mais avec une exceptionnelle précision d’uniformité.

La première opération a été de faire des moulages des éléments décoratifs, ce qui a été relativement simple avec les dauphins de l’extrémité, mais il a fallu trouver une technique pour les motifs appliqués sur une surface ronde. Ceux-ci on tout simplement été fixés avec du ruban double-face avant d’être imprimés dans le moule. Une fois le moule réalisé avec un mélange de sable, le bronze a été fondu dans un creuset en ciment réfractaire.

Après la coulée, quand le métal fut refroidi, le moule fut cassé, avec un simple marteau et burin sur les parties minces, mais un marteau-piqueur fut nécessaire pour les plus épaisses… durant 30 heures. Un travail d’ébarbage et polissage fut ensuite utile pour donner au bronze un bel aspect.

Pour en savoir plus sur le musée du Vasa : http://www.vasamuseet.se/

et sur le projet du canon (il faut juste comprendre le suédois…) : http://www.svt.se/nyheter/regionalt/svtuppland/vasaskeppets-kanon-gjuten-igen

Be Sociable, Share!