Reconstitution de chars romains

Nous traitons dans ce blog sur la reconstitution de thèmes essentiellement militaires, mais nos articles s’égarent parfois vers des sujets moins belliqueux. Aujourd’hui, nous serons « à cheval » entre les deux (si l’on peut dire), pour vous faire découvrir le travail remarquable de l’association Attelages en pays d’Arles, conduit par Ange Ruiz. Son projet : reconstituer et expérimenter des chars romains. Les armées romaines n’ont pas déployé de chars durant les batailles ; c’est dans le cirque que les Romains pouvaient les voir et les supporter, lors de courses d’attelages de 2 chevaux (biges), de 3 chevaux (triges) ou de 4 (quadriges), mais aussi (à l’origine du moins) dans des combats violents de l’amphithéâtre, menés par des gladiateurs appelés « essédaires ».

Dans l’Antiquité, les courses de chars sont considérées comme un sport, qui enthousiasme les foules. Le Circus Maximus à Rome pouvait accueillir plus de 350 000 spectateurs, venus voir les quatre factions rivaliser sur la piste : les rouges, les bleus, les verts et les blancs. Les Romains supportent une couleur (qui prendra une connotation politique au fil du temps), mais aussi des cochers (les auriges) qui sont considérés comme des stars pour certains, accumulant victoires et récompenses. Mais des accidents arrivent (on parle alors de « naufrages »), ce qui impose le port d’un corset fait de lanières de cuir, dans lequel est glissé un couteau à lame recourbée pour sectionner rapidement les guides et éviter d’être emporté et traîné avec le char. Un casque rembourré en cuir protège également la tête.

Née en 1991, l’association Attelages en pays d’Arles, s’attache à reconstituer des attelages de toutes époques, mais ce n’est qu’en 2004 qu’elle se penche sur la problématique du char de course romain, avec l’aide du musée archéologique d’Arles. La reconstitution est tentée en 2008 grâce aux savoir-faire de professionnel du bois et du cuir. Le squelette a d’abord été réalisé, habillé ensuite. Le plancher est en lattes de bois, qui absorbent bien les cahots de la course. Les roues sont d’un petit diamètre (70 cm environ), enfilées sur des essieux gainés de bronze pour éviter l’usure et éventuellement l’incendie dû aux frottements. Le char en lui-même ne pèse pas plus de 64 kg.

Le plus compliqué a été de savoir comment atteler les chevaux. Un système se posant sur le dos de l’animal, et non sur l’encolure, a été préféré, pour faciliter la respiration du cheval. En 2010, le char est enfin terminé. Les chevaux ont d’abord dû s’habituer à ce type de traction originale, puis les tests ont montré la bonne tenue de route du char. Du fait des matériaux employés, celui-ci bouge, se plie, encaisse les chocs remarquablement, et file comme le vent. Il manque aujourd’hui la possibilité de le faire courir sur une longue piste de cirque, pour en tirer tous les enseignements.

Les photos sont issues pour l’essentiel du hors série N°26 de Histoire Antique et Médiévale

Pour en savoir plus : http://www.auriges.attelage-arles.fr/

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