Reconstitution du camp de la XIXe légion

Tout le monde connaît l’histoire funeste de la XIXe légion, disparue dans le désastre de Varus, au cours d’une mémorable bataille dans la forêt de Teutoburg. Avec elle, deux autres légions furent anéanties, les XVIIe et XVIIIe, ainsi que tous les auxiliaires et les civils qui les accompagnaient. Rome se remit avec difficulté de cette défaite. Si de nouvelles troupes furent vite mises sur pied, cette bataille sonna le glas de la conquête de la Germanie.

Depuis, historiens et archéologues n’ont eu de cesse de localiser le théâtre de cette gigantesque bataille qui s’est déroulée en 9 de notre ère. Aujourd’hui, le site de Kalkriese, près d’Osnabrück, a la préférence, car quantité d’artefacts augustéens y ont été retrouvés. Cette localisation n’a pourtant pas la faveur tous, car certains y voit plutôt le site d’une bataille qui eut lieu en l’an 16, connue dans l’Antiquité sous le nom d’Idistaviso. Mais peu importe ici.

La XIXe légion avait ses quartiers dans l’actuelle ville allemande de Haltern, près de la frontière avec la Hollande. Celle-ci abrite un musée extraordinaire, que tout passionné de l’histoire romaine, et de l’armée romaine, se doit de visiter un jour. Il s’agissait d’un camp construit en terre et bois. Les fouilles ont révélées des milliers d’artefacts : des armes, des outils, des céramiques, des jeux, des ustensiles de cuisine, etc. C’est un instantané des plus instructif, car le camp n’a été occupé que très peu de temps, puisque son abandon résulte de la débâcle de Varus, en 9 apr. J.-C.

Tout le mobilier archéologique nous donne ainsi à voir la vie quotidienne des légionnaires romains au tout début du Ier siècle de notre ère, sous le règne d’Auguste. Des estampilles sur quelques artefacts (pointe de carreau de scorpion ou tuyau en plomb) font connaître le nom de la XIXe légion qui occupa ce camp, qui aujourd’hui offre aussi aux visiteurs une impressionnante reconstitution d’une partie de son rempart.

Celle-ci fait 150 m de longueur, construite en bois sur un soubassement en terre aménagée pour élever un talus et creuser un double fossé de protection. Bien sûr, quelques concessions ont été faites à la modernité et à la sécurité. Le rempart s’appuie sur des plots en béton, et les engins mécaniques ont été appelés en renfort. Il n’empêche que l’ensemble est très réussi, et nous donne bien l’image de ce que devait être l’un de ces camps romains, à une époque où ils n’étaient pas encore construits en pierre.

L’imposant mur est constitué d’un large caisson de poutres. Ce profil est bien connu par l’archéologie, mais il en existait d’autres. On est loin des palissades constituées d’une simple succession de rondins mal équarris. Il est surmonté d’une série de créneaux qui mettaient les soldats à l’abri en cas d’attaque et de tirs ennemis. Comme à  l’époque, le rempart est percé ici d’une porte monumentale, avec de larges battants qui doivent pouvoir laisser passer les troupes, mais aussi de lourds chariots.

Photos issues de la page facebook du musée de Haltern. Vous y trouverez toutes les informations utiles.

 

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