Reconstitution du linothorax étrusque

Le week-end dernier avait lieu les Journées de l’Archéologie au musée de Lattes, antique Lattara. Nous avons eu déjà plusieurs fois l’occasion de vous en parler dans ce blog, car plusieurs groupes de reconstitution antique font le déplacement pour illustrer l’histoire du site, qui fut notamment un comptoir étrusque. Peuple de marchands et de marins, c’est tout naturellement que les Etrusques vinrent sur nos côtes pour établir des échanges commerciaux. Mais mieux valait être prudent à l’époque, et des guerriers étaient une escorte nécessaire.

C’est pourquoi, le musée de Lattara a fait venir les hoplites étrusques du groupe PAX AUGUSTA, partenaire fidèle depuis les premières reconstitutions organisées sur le site. Ce fut l’occasion pour le public de (re)découvrir des guerriers dont l’aspect tranche de celui des légionnaires romains. Leur allure s’apparente en effet davantage à celui des hoplites grecs, et pour cause, car leurs panoplies reproduisent les modèles issus de Grèce et d’Asie Mineure depuis le VIIe-VIe siècles avant notre ère.

C’est alors une époque que les archéologues ont baptisé « orientalisante », et qui suit une autre époque appelée « villanovienne ». Les armes ressemblent donc désormais à celles que l’on voit beaucoup sur les céramiques grecques, mais aussi les statues. Pourtant, des traits typiquement italiques vont demeurer ; c’est vrai avant tout des casques dont certains modèles seront inconnus en Grèce.

Les Etrusques nous ont laissé beaucoup de fresques, notamment dans les tombes dont certaines étaient sculptées pour représenter un habitat, avec les armes du défunt accrochées à des piliers. Nous disposons ainsi de représentations réalistes et en couleurs de guerriers étrusques, essentiellement datées entre le Ve et le IVe siècles avant J.-C. Ces peintures murales ou ces statues peintes ont ainsi permis la restitution de quelques linothorax étrusques avec leur couleurs d’origine. Cette cuirasse était constituée de plusieurs couches de lin collées (d’où le nom de « linothorax »), lui conférant une grande robustesse. Des ptéruges étaient découpées sur le bas, et deux larges épaulières venaient renforcer la partie supérieure.

Nous pouvons en voir ainsi trois exemples sur les photos ci-contre. Celle qui est blanche avec des décorations bleues et rouges, et des étoiles sur les épaulières, est reconstituée d’après un fragment de statue de terre peinte exposé au musée du Capitole de Rome. La cuirasse rose provient quant à elle du sarcophage des amazones de Tarquinia (musée de Florence). Le guerrier qui la porte est vêtu en-dessous d’une tunique rouge. La dernière, blanche avec un quadrillage simulant une muraille, vient de Tarquinia également, de la « tombe de l’ogre ». Si les Grecs nous ont laissé une abondante iconographie militaire, elle pèche par le manque de couleurs. Les Etrusques nous aident à combler ce manque.

 

 

 

 

 

 

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