Reconstitution d’une (fausse) tranchée

Dans le cadre des Commémorations du centenaire du déclenchement de la Grande Guerre en 2014, sous ‘égide d’Alain Fine, l’association AHVAE (connue aussi pour ses reconstitutions de chasseurs alpins) a présenté une réplique du prestigieux canon de l’Armée Française, le 75, accompagné de son caisson à munitions. Pour l’année 2016 et le centenaire de la Bataille de Verdun, elle s’est lancée dans la fabrication de deux portions de tranchée (transportable) de 5 mètres de long et de plus de 2m 50 de hauteur. Cette réalisation comporte deux postes de tir (mitrailleuse et fusil), et un poste d’observation. Une « cagnia » (abri souterrain) est aussi reconstituée.

Mais avant de voir cette belle création, petit rappel historique ! En novembre 1914, la bataille d’Ypres marque, à l’ouest, la fin de la guerre de mouvement. La guerre de position qui débute alors durera quarante mois, sur une ligne de front continue de la Belgique à la frontière suisse. La guerre défensive ayant été anticipée par leur état-major, les troupes allemandes, obligées de combattre sur deux fronts, reçoivent dès le début du mois de décembre 1914, l’ordre de construire des infrastructures défensives. Elles sont suivies par leurs adversaires : les différents espaces composant le « système des tranchées » apparaissent.

La tranchée de première ligne, au tracé sinueux, parsemée d’abris plus ou moins solides, est surmontée d’un parapet, horizon visuel et symbolique des soldats. Elément de protection, ce parapet représente surtout une frontière au-delà de laquelle se trouvent le no man’s land et le risque de mort en cas d’assaut. Dans l’attente angoissée de l’ordre d’attaquer, les combattants sont exposés aux bombardements, avec une intensité variable, car le rythme du front n’est pas homogène. En fonction des évolutions stratégiques, certains secteurs s’avèrent relativement calmes tandis que d’autres sont exposés au « feu roulant » ennemi. La vie quotidienne des soldats est également rendue difficile par les aléas climatiques (le froid, et surtout la pluie et son corollaire honni, la boue).

La tranchée de première ligne est reliée par des « boyaux » aux tranchées de deuxième et troisième lignes. Puis vient le « front-arrière », où se trouvent les cuisines roulantes et les postes de secours. À plusieurs kilomètres se situe l’« arrière-front », où sont installés les cantonnements de repos et les réserves logistiques. Ce système des tranchées est structuré par le rythme de la « relève » : depuis l’arrière-front, les unités gagnent la tranchée de troisième ligne, qu’elles occupent quelques jours avant de relever leurs homologues de deuxième, puis de première ligne. Après trois à cinq jours, en moyenne, les combattants survivants regagnent les cantonnements, avant de répéter ce cycle une nouvelle fois.

En premier lieu, les constructeurs ont fabriqué une maquette en bois, laquelle leur a ensuite permis de réaliser, à l’échelle 1, une armature en tubes d’acier. Cette ossature a été recouverte de grillage, puis de fibre de verre. L’étape suivante a consisté à fabriquer un moule de branches entrecroisées pouvant recevoir l’habillage en résine des murs de la tranchée. Une fois l’armature habillée de ses panneaux de fibres de verre, une peinture en trompe l’oeil a été appliquée. C’est ce qui donne le cachet si particulier de la tranchée. Sur la partie extérieure un mélange de gravillon et de résine a été passé a la volée. Ils ont aussi reproduit à l’échelle 1, d’après un original (trop lourd), un abri d’observation à l’aide de tôles de 4 mm d’épaisseur.

La tranchée est a présent terminée, et il ne lui reste plus qu’à être exposer lors d’une journée de commémoration ou de vulgarisation historique, pour servir de cadre aux reconstituteurs et évoquer le pénible quotidien des combattants de la Grande Guerre. Bravo pour l’idée et pour la qualité de réalisation.

 

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