Tenue de corvée, Drillich… vous avez bien dit « blanc de travail » ?

Les uniformes de la fin du XIXème siècle des armées européennes sont plutôt hauts en couleur, et d’excellente qualité. Il n’existe pas encore de tenue de combat à proprement parler, au sens moderne du terme. On peut dire, quelque part, que les combattants font la guerre en tenue d’apparat…

Rapidement, les états majors vont trouver qu’une belle tenue en drap de laine coloré n’est peut-être pas l’idéal lorsqu’il s’agit de faire des corvées un peu salissantes, comme des exercices de maniement d’armes, du nettoyages, des travaux d’entretien… En France, on va adopter dès 1855 une blouse, qui sera remplacée en 1873 par une sorte de tunique courte fendue au col, le bourgeron, associée à un pantalon. Les deux pièces sont en grosse toile de lin blanche.

Pendant la première guerre mondiale, cette tenue de corvée devient tenue d’instruction. Le bourgeron devient une veste, mais le tout est toujours fabriqué en toile écrue de lin, dite toile « de Nîmes ». Ce nom donnera ensuite le mot denim, puis djean… Il n’est pas rare de croiser des soldats en campagne portant cette tenue, tout particulièrement en été, où elle est plus confortable que le drap de laine !

Côté allemand, c’est la même chose. La Reichswehr adopte une tenue de corvée et d’exercice, le Drillich, en grosse toile blanche. En 1935, le règlement va changer, mais le principe demeure. Ce « blanc de travail » est constitué d’une veste à quatre boutons, avec eux poches, et d’un pantalon lui aussi doté de poches. Le Drillich se porte avec la ceinture, et la baïonnette, et bien sur un couvre-chef. Vous voyez quelque photos du groupe IR43, qui illustre les uniformes allemands en 1935-1939.

Cette tenue va devenir une sorte d’uniforme d’été « informel ». Durant la campagne de France, on va vite remarquer que côté camouflage, ce n’est tout de même pas idéal… Du coup, l’armée va teinter les Drillich en vert roseau. Plus tard, ces vestes de drap de lin vont se doter de poches supplémentaires, et ressembler de plus en plus aux vestes de drap… devenant les premiers treillis de combat allemands !

Mais pourquoi le blanc ? On pourrait penser que c’est horriblement salissant… bien au contraire : le nettoyage est facile, avec une brosse et du savon, et on ne risque pas de laver la teinture. Et en plus, les taches se voient, donc on ne peut pas cacher la crasse…

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