Il y a 150 ans : la charge de la brigade légère

Il y a à peu près un siècle et demi, pendant la guerre de Crimée, la brigade légère commandée par Lord Carnigan, se lance dans une charge désespérée contre les Russes au cours de la bataille de Balaklava, le 25 octobre 1854. Cette épisode glorieux commémoré par un poème célèbre d’Alfred Tennyson, écrit la même année, doit pourtant être regardé comme un témoignage de l’incompétence du commandement militaire, tiraillé par des rivalités internes, et de son arrogance de caste.

Tout commence par un ordre reçu par Lord Lucan, qui dirige sur le terrain la cavalerie britannique : « Lord Raglan souhaite que la cavalerie avance rapidement au front, suive l’ennemi, et tente de l’empêcher de replier ses canons. L’artillerie montée peut suivre. La cavalerie française est sur votre gauche. Immédiat. » Cet ordre en réalité peut être interprété différemment, ce qui entraîne une erreur dramatique.

Près de 700 cavaliers se mettent alors en position pour charger l’artillerie russe dans une vallée encadrée de collines où l’ennemi a déployé 50 canons et 20 bataillons d’infanterie. La brigade légère est composée des 4e et 13e dragons légers, des 8e et 11e hussards, ainsi que du 17e lanciers. Elle est appuyée par la brigade lourde, constituée des Scots Grey, du 4e dragons Inniskilling, du 4e dragons irlandais et du 5e dragons de la Garde. Les chasseurs d’Afrique français sont également de la partie.

La brigade légère parvient à grande peine au fond de la vallée, subissant de terribles pertes, mais délogeant toutefois les Russes de leur redoute.  Mais le sacrifice n’a stratégiquement aucune conséquence. La brigade lourde ne remporte pas plus un avantage. Seuls les chasseurs d’Afrique arrivent à briser les lignes russes sur la colline de Fedyukin, parvenant de ce fait à couvrir la retraite des survivants de la brigade légère. Seulement 195 hommes encore montés regagnent les lignes après cette charge, aussi courageuse qu’absurde. Un général français dira même: « C’est magnifique, mais ce n’est pas la guerre. »

Deux grands films ont été inspirés par cet épisode célèbre. Le premier en 1936, largement romancé, met en scène Errol Flynn. La séquence de la charge par les lanciers du 17e régiment est à couper le souffle. Une autre version de 1968 est en revanche nettement plus antimilitariste, et met l’accent sur les erreurs du commandement. Ce film est une farce féroce, mais étoffée par une reconstitution extrêmement soignée des uniformes de ce milieu du XIXe siècle, trop peu montré au cinéma et trop négligé par la reconstitution, excepté bien sûr Outre-Manche.

Voici les extraits des deux films au moment de la charge :

 

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