L’évolution du casque corinthien

Dans la plus haute Antiquité, il est apparu nécessaire à l’homme de se protéger la tête durant les combats. Ceux-ci ne furent à l’origine que des empoignades, puis apparurent des armes entre leurs mains, toujours plus sophistiquées et mortelles ; l’épée de bronze ou de fer succédant au gourdin de bois. Très vulnérable, la tête devait être mise à l’abri. Avant la généralisation du métal (dont la date diffère selon les régions du monde), des casques en cuir ont existé, garnis de différents renforts pour les consolider. Homère parle des casques en dents de sanglier, dont quelques exemplaires ont été exhumés par les archéologues. Intéressons au casque baptisé « corinthien » et voyons comment celui-ci a évolué vers une protection toujours plus efficace.

Au départ, vers le VIIIe siècle avant JC, ce casque est encore un simple cylindre de bronze à calotte ronde, muni d’ouvertures sur la face pour dégager yeux, bouche et nez ; ce dernier étant toutefois mis à l’abri derrière une languette faisant office de nasal (cassé sur la photo ci-contre). Sur certaines pièces archéologiques, un cloutage, à la fois décoratif et de renfort, garnit le bord de ces ouvertures, suggérant l’application d’une bande de métal ou de cuir.

Le casque se pose alors à même le crâne, mais nécessite un bonnet sur la tête, ou une garniture textile ou de cuir (voire d’éponge) pour un meilleur confort. Comme il n’y a quasiment pas d’espace entre le métal et la tête, un coup asséné sur le casque, agissant comme un maillet sur une cloche, peut être très désagréable, voire traumatisant. Une première amélioration consiste à éloigner les parties métalliques, à commencer par les garde-joues. Le casque adopte dès lors une forme plus évasée sur le bas, et devient une pièce d’une certaine élégance, support à quelques décorations, notamment par des incisions et l’ajout de sourcils en relief (pour renforcer le timbre) ayant souvent la forme de serpents. Toujours fabriqués en bronze coulé et retravaillé, ces casques épais et lourds sont en usage jusqu’au VIe siècle avant notre ère. Ils sont très présents sur les figures de guerriers peintes sur les céramiques de cette époque. On peut souvent voir un grand panache de crin sur le haut du timbre, en forme d’arc ou de crosse, pour donner plus de hauteur à la silhouette de l’hoplite et impressionner son adversaire. Parfois, il s’agit de grandes cornes de bronze, parfois agrémentées d’oreilles de bovidés, accentuant son aspect bestial et terrifiant.

Au Ve siècle, une autre innovation a lieu. La bombe du casque est à son tour éloignée du crâne, pour diminuer l’effet de cloche et limiter les risques de blessure par enfoncement du métal. Nous avons là la forme la plus connue du casque corinthien. La décoration gravée disparaît généralement. Cependant, la découpe inférieure du casque réduit toujours l’audition du guerrier, ce qui en soi n’est pas fondamental pour un homme qui combat au coude à coude dans une phalange avec un minimum de manoeuvre et de stratégie. Pourtant, au Ve et sourtout au IVe siècle, un nouveau progrès a lieu, par la découpe du métal pour dégager les oreilles du combattant. Lorsque l’un des sens n’est pas contraint comme avant, il en résulte une meilleure accuité générale et une plus grande efficacité guerrière. 

http://armae.com/antiquite/112casquesceltesgrecs.htm

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