Parade anniversaire de la naissance de Rome
Peut-être ne le savez-vous pas, mais la tradition fixe la naissance de Rome en 753 avant J.-C., et plus précisément le 21 avril. Depuis plus d’une dizaine d’années, la ville de Rome et des associations locales organisent pour l’occasion un grand défilé historique au coeur de la cité. Il y a quelques jours avait donc lieu le dernier en date.
Tous les événements de l’Histoire romaine étaient consignés dans une série de registres méthodiquement tenus : les annales. On pourrait donc croire que les Romains eux-mêmes ont dès l’origine connu et daté l’acte de naissance de leur cité, mais il n’en est rien, car les annales n’ont été créées que bien plus tard.
Cette mythologie de la fondation n’est « inventée » qu’au IVe siècle avant notre ère, et la date de 753 n’est calculée et définie que sous le règne d’Auguste (fin du Ier siècle av. J.-C.) par un savant du nom de Varron. Depuis lors, cette date est acceptée pour vraie, et apparaît toujours dans les manuels scolaires. Force est de constater que la date avancée par Varron correspond assez précisément à une réalité archéologique de l’occupation du site.
Les groupes italiens sont naturellement les plus nombreux à venir défiler en ville, mais d’autres troupes font le déplacement de toute l’Europe. C’est un long voyage, mais qui laisse toujours des souvenirs, de couleurs variées. Au vu de leur nombre, il est surprenant de voir à quel point la reconstitution romaine s’est développée cette dernière décennie.
Il faut toutefois nuancer l’expression « reconstitution historique », car si tous y mettent du coeur à préparer leurs costumes et équipements, ils sont beaucoup moins nombreux à le faire de manière « scientifique ». Ainsi se côtoient le bon et le moins bon, dans une joyeuse ambiance de grande kermesse historique. Certains costumes n’ont même absolument rien à voir avec l’histoire romaine…
Les clichés des peplums, les barbares hirsutes et vêtus de peaux de bêtes, des légionnaires à profusion qui mélangent des pièces de trois siècles différents, des aigles-biblots à foison fixés sur des tringles à rideau, peuvent en chatouiller certains. Mais peut-être ne doit-on pas s’en offusquer, car c’est aussi une grande manifestation populaire, qui réunit une multitude d’amoureux de l’Antiquité romaine, et en cela c’est déjà méritoire.
Et puis Rome, c’est Rome ! Déambuler devant le forum, contourner le Colisée, marcher sur la Via Appia… tout cela en tenue romaine, représente l’aboutissement d’un rêve pour beaucoup de passionnés. Retenons donc surtout les reconstituteurs et les groupes qui retournent aux sources documentaires, font les bonnes recherches, investissent un nombre incalculable d’heures de travail, d’énergie, et d’argent, pour approcher la vérité archéologique.
Peut-être verrons-nous un jour de vraies légions de 5000 hommes, impeccables, défiler sur le pavé.
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