Reconstitution d’un triomphe romain

Dans quelques jours aura lieu l’un des plus grands événements de reconstitution antique au monde : la grande parade qui célèbre in situ la naissance de la Ville Eternelle : Rome. Cet événement, qui a pris beaucoup d’ampleur ces dix dernières années, devrait être exceptionnel cette année, entre les 19 et 21 avril. Nous en témoignerons le moment venu. Les Romains eux-mêmes étaient familiers des grands défilés. La plupart étaient religieux, mais dans notre esprit, en plus d’être consacré aux dieux, à commencer par Jupiter, l’un d’entre eux était en plus militaire : le triomphe.Si de nombreux groupes font le voyage jusqu’à la capitale de l’Empire romain, dont certains peuvent être vus comme faisant partie de l’élite de la reconstitution antique, l’un d’eux a été tout particulièrement remarqué lors d’une précédente parade, en reconstituant un brancard comme il en existait en ces temps là. Cette troupe est la Légion XI Pia Fidelis (« Pieuse et Fidèle »), venue de Suisse et conduite par le dynamique Yves Rüttimann.

Le triomphe était un défilé offert par le Sénat aux généraux méritant. Le triomphateur entrait dans Rome sur un char, suivi de ses troupes en liesse mais sans armes (elles étaient normalement interdites dans Rome). Il existait une parade de moindre importance (ovatio) durant laquelle le général arrivait à pied. C’est souvent le nombre d’ennemis tués qui décidait de son attribution. Avec l’instauration du Principat (ce que nous appelons « Empire »), l’empereur et sa famille se réservèrent très vite le monopole du triomphe.

Durant ces processions, le butin, des maquettes représentant des villes ou des contrées soumises, mais aussi des armes, voire les chefs ennemis étaient exhibés devant la foule sur des brancards portés par des soldats. Il existe un certain nombre de bas-reliefs montrant ces brancards, parfois richement décorés. C’est l’un d’eux que la XIe légion s’est piquée de refabriquer.

C’est une caisse peinte de divers motifs et personnages, montée sur deux longues et solides tringles portées sur l’épaule par plusieurs hommes. Pour les pauses, le brancard n’est pas déposé au sol, mais les bras sont posés sur de longues fourches, comme celles que nous voyons sur les photos ci-contre. Il est ainsi plus facile de repartir. Au sommet, on peut voir des armes, qui ne sont pas toutes prises à l’adversaire, car les trophées étaient composées autant d’armes ennemies que romaines.

Les soldats ne sont pas en tenue de guerre. Ils arborent fièrement sur leur poitrine leur harnais de cuir constellé de décorations que l’on appelle « phalères », mais aussi de colliers et de bracelets. Leur tête est couronnée de laurier, symbole de victoire. Merci à Yves Rüttimann pour ces jolies photos.

Be Sociable, Share!