Adieu et merci M. Fred Funcken

Il peut sembler étrange que sur ce blog nous fassions une intrusion dans l’univers des dessinateurs franco-belges de BD. Les plus âgés d’entre nous connaissent sans doute des séries comme « Le Chevalier Blanc », « Harald le Viking », « Jack Diamond » ou « Les belles histoires de l’Oncle Paul ». Ces aventures apparurent dans des magazines tels que Spirou ou le Journal de Tintin, avant et après la Deuxième guerre mondiale. Nous les devions à Fred Funcken, qui nous a quitté le 16 mai dernier, et qui a été sans doute l’un des plus grands inspirateurs des reconstituteurs historiques grâce à son travail monumental sur les uniformes et les armes de tous les temps. Rendons-lui hommage.

Fred Funcken est né le 5 octobre 1921 à Verviers. Très tôt il se destine à la musique, et collectionnera les prix durant sa vie : 1er basson, 1er clarinette, 2è violoncelle. Mais c’est dans le dessin qu’il fera carrière, où il se lance durant la guerre pour gagner sa vie. Il fait des rencontres qui lui ouvriront des portes. En 1943, il est enrôlé de force dans le STO (Service du Travail Obligatoire). Un éditeur peu scrupuleux le dégoute de la BD pendant plusieurs années, mais il y revient sous la pression de son épouse Liliane, et croise alors le chemin des plus grands, notamment Hergé.

Le début des années 50 est l’âge d’or du couple Funcken qui met sa passion de l’Histoire au service du Journal de Tintin. Liliane devient sa partenaire, et ensemble il forme le premier vrai couple d’auteurs de la bande dessinée franco-belge. Leurs oeuvres explorent le temps, du western au Moyen-Âge, des vikings aux récits de cape et d’épée. Mais un projet va les faire changer de voie pour de nombreuses années, et les aiguiller sur celui de l’illustration. Voici ce qu’en disait l’intéressé :

« On devait faire seulement deux albums qui retraçaient l’histoire des uniformes et armes de Égypte ancienne à nos jours. Mais suite au succès, on nous a demandé d’enchaîner. Avec les éditions anglaises et allemandes, nous avons dépassé les deux millions d’exemplaires vendus. Nous avons donc réalisé 17 albums de 74 pages des Uniformes et Armes en 17 ans. Sachant que nous prenions un an pour écrire les textes et les illustrer, il nous est devenu difficile de continuer en parallèle la BD et toutes nos séries… »

Ces livres, devenus rares dans leurs éditions d’origine (Casterman), nous les avons tous dans notre bibliothèque. Enfants, ils nous ont fascinés. Ils nous ont propulsés sur des voies diverses : les études historiques, la peinture militaire, la figurine, et bien sûr la reconstitution. L’exhaustivité de leur travail nous a ouvert des horizons, nous faisant découvrir des époques inconnues et des costumes qui nous ont tapé dans l’oeil. Combien de vocations de reconstituteurs sont-elles nées à la lecture de leurs ouvrages (heureusement réédités pour quelques-uns) ?

Pour lui rendre aujourd’hui l’hommage qu’il mérite, ouvrons de nouveau ses livres. Certes, des points de vue ont changé depuis ces dernières décennies, et de nouvelles études ont permis d’approfondir nos connaissances uniformologiques, notamment sur les périodes les plus anciennes, mais il n’en demeure pas moins que Liliane et Fred ont été des défricheurs de grand talent, et que sans eux, nous ne serions sans doute pas devenus ce que nous sommes aujourd’hui. Adieu, et merci Monsieur Funcken.

Pour la bibliographie : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fred_Funcken

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