Et si on parlait, pour le centenaire de l’armistice, du Cut-off britannique ?

Mais quelle est donc cette drôle d’invention britannique, le Cut-off, qui va équiper la plupart des fusils Lee Enfield mark III de la première guerre mondiale ? 

Il s’agit d’une drôle de petite pièce plate, mobile, qui peut obstruer la sortie du chargeur de l’arme, que l’on manipule grâce à un petit bouton visible au niveau de l’ouverture de la culasse.

En position ouverte, la fermeture de la culasse « attrape » comme d’habitude une des balles du chargeur, poussée vers le haut par son ressort, et la conduit dans la chambre. Il ne reste plus qu’à tirer…

Lorsqu’on déverrouille la culasse, une petite pièce nommée extracteur va ramener la douille vers l’arrière, l’éjecter, et l’opération peut recommencer, en théorie dix fois car le chargeur du Lee Enfield contient 10 coups, ce qui est une excellente performance pour l’époque.

Comble du perfectionnement, le chargeur est amovible…

En pratique, avec dix balles, les blocages sont possibles. Le Mauser allemande n’a, à titre de comparaison, que cinq coups.

Par contre, si le Cut-off est fermé, les balles du chargeur sont bloquées, et là, le passage de la culasse n’entraîne rien du tout…

La seule solution consiste donc à chambrer les balles à la main, une par une, comme avec les premiers fusils à cartouches métalliques du 19ème siècle.

L’extracteur est mobile pour pouvoir coincer tout de même les étuis et permettre de les retirer. A titre de comparaison, on ne peut pas chambrer à la main avec un Mauser allemand, l’extracteur bloque le verrouillage de la culasse.

Mais à quoi sert donc un truc pareil ? Et bien c’est simple : l’Etat Major britannique, constatant la capacité du chargeur du fusil, craignait que les soldats ne tirent trop vite toutes leurs balles lors des premiers tirs, au détriment de la précision de la visée. Lors d’un engagement, l’ordre est donc de fermer le Cut-off, et donc de tirer au coup par coup, en visant bien. Quand l’ennemi chargeant est près, l’ordre est donné d’ouvrir le Cut-off : le soldat dispose alors des 10 coups de son chargeur, et ne risque pas de devoir le reremplir au plus mauvais moment (de manière surprenante, les soldats britanniques sont dotés de lames chargeurs de cinq balles pour reremplir leurs chargeurs, mais pas de chargeurs de rechange !).

En pratique le Cut-off va être abandonné dans le courant de la guerre. Il faut dire que cela fait une pièce de plus à monter qui ralentit le rythme de fabrication, et qu’il n’est pas non plus facile à manoeuvrer quand le chargeur est bien plein. Étonnamment, les Cut-off seront remis en place à partir de la fin de la guerre, même si l’arme n’en était pas dotée initialement.

C’est le cas du Lee Enfiel dont les photos illustrent cet article : il est daté de 1918, et a donc été construit sans Cut-off, mais s’est vu en rajouter un par la suite.

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