Fabrication d’un bouclier lenticulaire
Si fabriquer soi-même un bouclier plat, voir cintré, est relativement facile (et encore, faut-il s’entendre sur la question du mode de fabrication : historique ou non), la réalisation d’un bouclier lenticulaire est nettement plus technique et compliqué. Qu’est ce qu’un bouclier lenticulaire ? Tout simplement un bouclier en forme de lentille optique, de forme convexe (ou concave si vous le retournez), bref, une sorte de couvercle de poubelle bombé…
La comparaison est un peu osée, mais combien d’entre nous n’ont pas cherché dans le commerce des expédients permettant d’éviter une fabrication que l’on croit hors de portée ? Aujourd’hui, grâce à l’atelier Bouclard, nous vous proposons en quelques images de réaliser vous-même cette pièce quasi introuvable. Les boucliers lenticulaires ont toujours existé, depuis les Mésopotamiens, les Etrusques, Grecs, Romains, Francs, vikings, etc. Ce petit article devrait donc intéresser un maximum de monde.
L’atelier Bouclard est tenu de main de maître par Jérémie, un ancien étudiant des beaux-arts qui s’est spécialisé dans la fabrication de décors ou d’objets pour le théâtre, la danse, et bien sûr la reconstitution historique. Son bouclier témoin est fabriquée en lamelles de peuplier, recouvertes d’un cuir brut de chèvre, ou d’un tissu de lin, collé à la colle d’os et de peau. Rien que de l’archéo-compatible !
Comme le montrent les exemplaires de boucliers romains retrouvés par les archéologues, dont le fameux scutum exhumé dans le Fayoum égyptien, ce bouclier lenticulaire sera composé de trois couches de lattes, posées perpendiculairement l’une sur l’autre. Elles sont alternativement posée et collée à chaud, sur une forme soigneusement conçue. Des clés de serrage leur permettent de bien rester en place le temps du séchage.
Un coup de scie permet ensuite d’égaliser l’arrondi du bouclier. La toile est ensuite appliquée à la colle à chaud et bien lissée avant séchage ; le cuir brut est plus compliqué à mettre. L’opération peut être répétée sur la face interne du bouclier. Ceci augmente la rigidité de l’ensemble et réduit le risque d’éclatement. Il reste ensuite à tracer le motif décoratif, qui sera peint pour finir avec de le peinture à la caséine. Les bordures recevront un orle en cuir brut cousu, qui une fois sec sera d’une grande dureté et évitera aux tranches du bouclier d’exploser sous les coups (ou à l’humidité de s’infiltrer et de faire gonfler le bois).
Poignée (manipule) et umbo seront rajoutés pour finir, et peut-être un système de suspension avec des sangles de cuir. Pour voir le processus complet de fabrication, cliquez sur les liens ci-dessous. Vous trouverez aussi un compte-rendu détaillé pour la fabrication d’un écu médiéval.
