Fabriquer des chaussures dans l’antiquité… mode d’emploi !

On trouve de très nombreuses reproductions de chaussures antiques dans les magasins spécialisées, comme les très célèbres caligae romaines, par exemple. Mais savez vous comment de telles chaussures étaient fabriquées à l’époque, et qu’il est finalement assez facile de les faire soi même ? Cela ouvre des perspectives…

La première chose à savoir est que tous les pieds sont différents, et que deux pointures 42 peuvent être très différentes… Pied large, pied pointu, égyptien… L’étape n°1, qui conditionne tout, consistera à réaliser la semelle. Pour cela, il vous faut un cuir assez épais et rigide. Dessinez votre pied sur le cuir, en laissant un bon demi-centimètre de marge devant et derrière, et pas trop sur les côtés. Ainsi, la chaussure sera relativement englobantes, mais avec une semelle plus longue que votre pied, vous éviterez de vous blesser chaque fois que vous buterez dans un caillou. Il vous faudra, pour de solides sandales, bien deux couches….

La seconde étape, la plus difficile, consiste à découper l’empeigne, c’est à dire le cuir qui va entourer le pied. Là, pas le choix, il va vous falloir un patron. De la caligae à la brogne ou au soulier, chacun a son modèle… qui doit en plus être adapté à votre pied à vous ! Comment faire ? Et bien voila une petite astuce… Entourez votre pied de film de cuisine, en faisant plusieurs tours. Marquez au feutre l’emplacement de la semelle sur le dessous. Découpez ensuite le film sur le dos du pied, puis autant de fois que nécessaire – sans couper au niveau de la semelle – en ressemblant au patron que vous aurez repéré. Au bout d’un moment, vous aurez une pièce à peu près plate. Rajoutez 5mm au niveau des future coutures… vous avez votre propre patron. Si vous vous sentez, vous pouvez aussi faire une empeigne qui n’a pas de semelle, comme les modèles des images du musée de la Saalburg jointes. Il vous faudra alors coudre à l’intérieur de la chaussure, ce qui n’est pas une sinécure. Mieux vaut opter pour des modèles plus simples, avec la forme de la semelle, que vous allez coudre à plat sur les semelles, comme le patron de caligae ci-contre.

Ensuite, il vous restera à coller les semelles sur l’empeigne, et à coudre le tout. Et oui, coller, cela ne suffit pas… Coudre du cuir à semelle n’est pas une partie de plaisir. Il faut faire un premier trou, idéalement avec une alène. Bonne chance pour percer le cuir épais en plusieurs couches. Evidemment, vous pouvez opter pour la perceuse, de type Dremel, avec de toutes petites mèches. Cela ira tout seul, mais votre cuir sera brulé au niveau des trous, au lieu d’être fendu par l’alène. Dans le second cas, le fil se coincera naturellement dans la fente, et point ne sera besoin de faire des noeuds d’arrêt, mais ce sera atrocement long et difficile…

Une fois cela fait, ajoutez une semelle supplémentaire pour protéger vos coutures sur le dessous… et cloutez la semelle ! Nous vous dirons prochainement comment cela peut se faire en renforçant le tout… Il vous restera à refermer l’empeigne en la cousant, en formant au besoin le cuir. Pour cela, il faut le mouiller, le déformer et le laisser sécher sur une forme. Cirez la tranche de la semelle en coulant de la cire chaude sur celle-ci, et en appliquant ensuite un fer brulant pour faire pénétrer la cire. Cirez le reste…

Ca y est… par contre, il vous faut savoir encore une chose : votre première paire sera très approximative, et ce ne sera que la seconde qui ira correctement, car vous aurez corrigé vos erreurs de jeunesse. Il faut bien compter une douzaine d’heures de travail pour une paire de caligae !

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