La Baker Rifle… remontage !

Nous avions parlé il y a deux semaines du démontage d’un Baker rifle. Voyons maintenant ce qu’il en est du remontage… Nous avons assez souvent des demandes pour des bois de mousquets 18ème et 19ème siècle, demandés par des propriétaires d’armes anciennes, qu’ils souhaitent rénover. L’opération, qui peut sembler en apparence anodine, est loin d’être simple, et nous ne la recommandons qu’à des bricoleurs avertis…

Bois et canon, avec son mode de fixation

Nous pouvons fournir tous les bois des mousquets de notre catalogue, mais il faut savoir que l’ajustage du canon et du mécanisme est une opération assez complexe, car il n’y a pas deux armes tout à fait identiques. Dans cet article, nous passerons sur la mise en place des « petites »  pièces, comme les tubes fixant la baguette, la plaquede couche, la contreplatine, le pontet… qui sont en général fixées sur le bois que nous fournissons.

Emplacement de la platine

Nous allons nous concentrer sur le problème du canon, et du mécanisme, dont lesemplacements sont réservés dans nos bois, mais toujours avec des cotes un peu plus petites que le nécessaire, afin de permettre un ajustage par retaillage.

Le canon est fixé au bois d’une part par des clavettes, qui traversent le bois et des pièces soudées au canon, et d’autre part par une grande vis qui passe dans la queue de culasse, et va se positionner dans une plaque sous la détente.

Queue de culasse mal positionnée

Evidemment, quand vous positionnerez votre canon, soit vous arriverez à positionner les clavettes en face des trous, soit la vis de queue de culasse, mais jamais, au grand jamais, les deux en même temps…

Travailler au niveau des clavettes, dont les trous sont pré percés est à peu près impossible, et il va falloir en général retailler le bois au niveau de la culasse. Travailler avec une petite meule est souvent le plus pratique.

Usinage au niveau de la queue de culasse

Il va falloir dégager le bois pour permettre de repositionner le trou de la queue de culasse en face de celui ménagé dans le bois.

Calage de la culasse

Ceci fait, il va vous falloir combler le vide qui reste inévitablement entre le bois et l’arrière de la culasse. Si vous ne le faites pas, le recul lors du tir va faire porter toutes les contraintes sur la vis qui fixe la queue de culasse et le bois va se briser tôt ou tard. Pour cela, récupérez la poudre de bois générée par le meulage, mélangez la à du broux de noix et de la colle à bois, et mettez une bonne dose au fond du logement du canon, côté crosse. Lorsque vous fixerez le canon, tout cela va se tasser et combler les trous. Ne vous inquiétez pas, le canon ne sera pas collé au bois… la colle à bois ne colle que… le bois !

Culasse en position

Quand l’ajustage convient, vissez légèrement la vis de queue de culasse, puis pressez le bois sur le canon pour positionner les fixations du canon devant les trous faits dans le bois. Le bois a toujours joué, et n’est jamais aussi droit que le canon. Fixez la clavette la plus proche le la bouche en premier, mais ne bloquez pas complètement.

Remontez ensuite vers la culasse. Quand tout est en place, serrez la vis de culasse, et enfoncez les clavettes. Frappez les avec une protection en cuir ou bois si vous n’avez pas de marteau en caoutchouc.

Mise en place des clavettes

Il est possible que les clavettes ne soient pas dans l’axe des trous prépercés. Il est alors à peu près inévitable d’endommager le bois, qui va éclater. En un tel cas, agrandissez la blessure du bois (sans retirer la clavette), et collez l’éclat. Creuser dans le bois permet de faire de la place pour la colle. Il faut ensuite poncer, puis revernir… en théorie !

Ceci fait, il va vous falloir positionner le mécanisme de l’arme, en utilisant les deux  vis qui

Bois endommagé par la clavette en cours de réparation

fixent la platine et traversent le bois de part en part (la plaque de contreplatine permet d’éviter que la tête des vis n’endommage le bois). La aussi, cela ne marchera jamais du premier coup. Soit vous mettrez la vis arrière, soit la vis avant, mais pas les deux. Il va falloir usiner le logement du mécanisme, jusqu’à y arriver. Vous le verrez, vous finirez par enlever plutôt plus de bois qu’il n’en faut…

La détente. C’est la partie plate qu’il faut parfois réusiner.

Votre calvaire n’est pas encore fini. Après avoir fixé le mécanisme, vérifiez si l’armement du chien fonctionne correctement : vous devez pouvoir le lever jusqu’à un premier cran, qui permet d’ouvrir le bassinet en toute sécurité, car en pressant la queue de détente, le chien ne se rabat pas. Ensuite, vous devez avoir un second cran, à partir duquel une légère pression sur la queue permet d’amener le chien à l’abattu. Si vous n’avez pas le cran de sécurité, c’est probablement parce que la détente presse trop rapidement sur la

Platine en place… positionnement… passable

gâchette, et il vous faudra sans doute réusiner la détente – car la repositionner sera à peu près impossible.

Bref, ce n’est pas une sinécure. Si vous avez des jours entre le mécanisme et le bois, vous pouvez les combler avec un mélange de sciure, de brou de noix et de cire.

Voila… les photographies qui illustrent cet article correspondent à une pièce que nous avons réellement remontée, le bois ayant été brisé accidentellement lors du transport. Sincèrement, l’opération nécessite du temps, de l’outillage, et pas mal de patience, surtout le réglage de la queue de détente !

 

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