La protection de la main, le casse-tête de la reconstitution…

La pratique de l’escrime médiévale, renaissance, ou celle de l’antiquité est une activité dans laquelle on risque quelques bleus et blessures si l’on ne dispose pas d’un équipement adapté. On pense immédiatement à l’armure, au casque, mais pas tout de suite aux protections des mains…

Celles-ci sont, si on y réfléchit bien, sacrément exposées, tout particulièrement celle qui tient une arme blanche. Lorsque le combattant porte un coup, il va devoir porter son arme et donc sa main en avant, dans une zone dans laquelle circulent potentiellement beaucoup d’objets dangereux. C’est particulièrement flagrant dans le cas d’une reconstitution de combat en formation, avec boucliers : la main va souvent se retrouver entre les rangées de bouclier, avec le risque de rencontrer une autre lame, ou en cas de mouvement brusque de se faire choquer par un bouclier, sans parler du bras qui lui peut être bloqué par la bordure du propre bouclier du combattant.

Les rencontres en reconstitution sont relativement codifiées, mais les aléas ne sont pas rares, et même si les lames ne sont pas tranchantes, cela peut faire mal… Vous vous direz sans doute qu’il suffit de porter une protection de main pour résoudre le problème. Ce n’est pas si simple si vous voulez être historiquement correct !

Au premier Empire, la cavalerie part au combat avec de solides gants de cuir. La garde du sabre est souvent à plusieurs branches, ce qui englobe la partie exposée de la main, et permet d’envisager la situation avec une certaine sérénité. La situation est par contre bien différente pour l’infanterie, car là, pas de protection… Les risques sont moindres que lors d’un duel au sabre, surtout si l’on fait de l’ordre serré ou simplement du tir en formation. Pour autant, quand on sait que toutes les armées modernes dotent leurs combattants de gants protégeant le dos de la main et le haut des doigts, on peut se demander si les grognards de l’époque n’avaient pas les mains un peu abîmées tout de même.

A la Renaissance, la situation est différente : le port des gants est très répandu, et les armes ont des gardes très enveloppantes protégeant bien la main du combattant. Les rapières espagnoles ont même très souvent une garde en coupe, très protectrice. A la fin du Moyen-âge, les combattants ont très souvent des gantelets. Ceux-ci sont formés de plaques de métal rivetées sur des gants, ou attachés à des lanières, qui protègent très bien le dessus de la main et des doigts. Le dessous reste assez libre, mais il est autour de la poignée de l’arme, et protégé par le dessus, donc ne risque pas grand-chose. Les gardes des épées – les quillons – sont assez larges et protègent aussi un peu.

La vraie interrogation concerne l’âge des ténèbres, et surtout l’antiquité. Les armées combattent en formation, et pour toucher son adversaire, il faut sortir le bras de derrière le mur de boucliers. Les épées – et nous ne parlons pas des haches – n’ont quasiment pas de gardes. La protection est donc minime… Si l’on ne connait pas beaucoup de représentations de l’âge des ténèbres, elles abondent dans l’antiquité, et là, surprise… on voit des protections de bras, mais jamais de gants, les mains sont toujours nues !Certaines protections de bras sont imposantes – les manicae – mais elles protègent tout le bras, pas la main.

Tout se passe comme si le reconstituteur antique était condamné, au nom de la véracité historique, à avoir mal aux doigts… Mais comment les anciens faisaient ils donc, qu’ils aient été romains ou grecs  ?

La question reste posée…

 

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