La reconstitution comme phénomène identitaire

Pour la plupart d’entre nous, la reconstitution est un loisir ; un moyen de se replonger dans un passé plus ou moins lointain qui nous attire par goût, même si nous n’avons que des attaches très distendues avec l’époque ou la civilisation choisie. Qui peut dire s’il avait vraiment un ancêtre dans les légions romaines, parmi les croisés ou la garde rapprochée de Napoléon ? Il existe cependant quelques cas où la reconstitution n’est plus seulement un hobby, mais un moyen de retrouver ses racines et sa culture. Cela est vrai pour quelques minorités asservies et acculturées par leurs vainqueurs historiques : en premier lieu, les Amérindiens.

Depuis quelques années en effet, les descendants des tribus indiennes, en Amérique du Nord comme en Amérique du Sud, se lancent dans la reconstitution d’habitats, de costumes, d’objets, tels que le faisaient leurs ancêtres, afin de faire ressurgir un passé que l’on croyait perdu, détenu parcimonieusement par quelques anciens, gardiens de ce qu’il restait de traditions. La reconstitution devient alors un phénomène identitaire ; un patrimoine à maintenir en vie.

Nous avons eu l’occasion il y a quelques mois de vous présenter le village inca qui se bâtit au Pérou, à la fois site touristique, mais aussi conservatoire des savoir-faire et des traditions des anciens Incas, en liaison constante avec les chercheurs : historiens et archéologues. En Amérique du Nord et au Canada, des natifs sont de plus en plus nombreux à reconstituer la vie de leurs ancêtres avec ce même objectif. Les Indiens ne sont désormais plus seulement des figures de carte postale et des totems folkloriques que l’on exhibe pour plaire aux touristes.

Des villages se reconstruisent, comme celui des Hurons au Canada. Certains y retrouvent même un mode de vie idéal, qui fait des émules même dans les communautés blanches qui y voient avec nostalgie une sorte de paradis perdu. Ils sont de plus en plus nombreux, même en Europe, à aujourd’hui s’intéresser et à ressusciter ces civilisations indiennes, durant la colonisation du XVIIIe siècle (magnifiquement mise en images dans le film « Le dernier des Mohicans »), et durant la 2e moitié du XIXe siècle, pendant la conquête de l’Ouest.

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