L’artillerie de marine au XVIIIe, reconstituée sur l’Hermione
Dans l’équipement d’un navire de guerre, l’artillerie représentait 20% du coût total. Dans la perspective de faire des économies, à la fin du XVIIe siècle, de plus en plus de canons sont fabriqués en fer, moins cher que le bronze. Les navires sont identifiés par genre (vaisseaux, frégates, corvettes…), mais aussi par le calibre de leurs canons. Ceux de l’Hermione, qui sert d’exemple dans cet article, font 12 livres (6 kg) : l’Hermione sera donc une « frégate de 12 ».
Ce chiffre correspond en l’occurrence aussi au diamètre du boulet, à peu de chose près. Cela détermine aussi la longueur du canon, selon la formule qui veut que celle-ci soit 16 à 20 fois supérieure au diamètre de l’âme du canon. L’Hermione compte 26 canons de 12 et 8 canons de 6, soit un total de 58 tonnes. Les boulets sont rangés dans un « parc à boulets » de forme triangulaire, posé à côté du canon, et régulièrement complété.
On compte 8 servants pour chaque canon avec un mousse qui rapporte poudre et munitions de la Ste-Barbe située sous le château arrière. Chaque canon pèse en effet 2 tonnes avec son affût, et il faut le manoeuvrer après chaque tir. Chaque canon a en provision 60 boulets, 10 boulets ramés (deux demi-sphères reliées par une tige ou une chaîne) et 10 boulets à mitraille, soit près de 73 tonnes pour toute la frégate. En outre, le navire compte 10 perriers d’une livre pour équiper les hunes et les embarcations, et bien sûr des mousquets et des pistolets pour l’équipage et l’infanterie de marine.
Les affûts sont fabriqués en ormes, depuis que le roi Henri II en imposa la plantation le long des routes dans ce but, en 1552. C’est en effet un bois solide qui ne se fend pas facilement, ce qui évite qu’il éclate sous les tirs ennemis et crible d’éclats les marins. Le recul est limité par un gros cordage (la brague) qui le retient au bord. Il y a aussi deux palans pour pouvoir reculer et rapprocher le canon de son sabord une fois qu’il a été rechargé. Un canon qui se désamarre peut provoquer de terribles dégâts sur le bateau et les hommes, sous l’effet de la gîte.
Un canon nécessite différents accessoires pour être manœuvré et chargé. Les barres d’anspect sont des leviers qui permettent de le pointer dans la direction voulue. Il y a aussi des tire-bourres en forme de tire-bouchons pour nettoyer le tube après le tir, des écouvillons recouverts de peau pour charger et aussi nettoyer, ainsi que des cuillers pour enfourner la charge de poudre, faits en cuivre pour éviter une étincelle qui ferait tout exploser.
