Le casque des soldats nageurs

Voilà un sujet qu’il serait intéressant d’étudier sous l’angle de la reconstitution. On ne pourrait pas vraiment parler de « reconstitution historique », car ces soldats nageurs sont restés à l’état de projet, mais un ingénieux pourrait vouloir tester in vivo le dit projet. Le XIXe siècle a été riche en idées, projets et progrès techniques, alors pourquoi ne pas essayer ?! Avis aux amateurs.

Ce projet de soldats nageurs est né dans l’esprit du Vicomte de Courtivron. Sous Napoléon, il servit dans les rangs des gendarmes d’ordonnance en 1806, puis dans les chasseurs à cheval en 1807, dans l’infanterie enfin en 1811 en Espagne, et en France à la fin de l’Empire. Ce noble d’Ancien Régime servit de nouveau sous les Bourbons et termina sa carrière comme chef de bataillon.

C’est sa passion pour la natation qui fait qu’on en parle aujourd’hui dans ce blog, ce qui n’était pas chose courante à l’époque. Durant sa vie militaire, le vicomte avait lui-même traversé un fleuve à la nage ou s’était élancé dans la Méditerranée. L’intérêt de savoir nager pour un soldat nous semble évident aujourd’hui, mais la chose était compliquée en ce début du XIXe siècle, car il fallait maintenir son arme et sa giberne hors de l’eau pour que la poudre ne se mouille pas.

Qu’à cela ne tienne. Notre homme réfléchit à la question et publie en 1824 un petit mémento intitulé : « de la natation et de son application à l’art de la guerre ». Il invente en quelque sorte les nageurs de combat, dont chaque régiment devait avoir une compagnie. Il les affuble d’une tenue à l’écossaise, avec kilt, chaussures lacées sur la jambe, et un casque très particulier qu’il testa en conditions en traversant la Seine en 1823.

Ce casque en fer (on se serait plutôt attendu à un casque en cuivre comme ceux des dragons, et qui ne rouillerait donc pas) était muni sur le dessus d’une sorte de gouttière permettant de poser le fusil à silex, crosse sur la tête. Un crochet le maintenait en place. Pendant dans l’eau, le canon devait être bouché avec du liège. Les cartouches étaient quant à elles rangées dans deux logements placés au-dessus des tempes. Une toile cirée couvrait les pièces sensibles du fusil (l’inventeur suggérait toutefois la dotation d’une arme plus légère à ses nageurs de combat : un mousqueton ou une carabine).

Comme le montrent les images ci-contre, le mémento de Courtivron était illustré de jolies planches qui nous donnent à voir ce projet resté sans suite. Ironie de l’histoire : le dessinateur se noya avant de terminer son ouvrage.

Merci à Yves Martin pour ces documents fort intéressants.

 

 

 

 

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