Le casque gaulois du type « Port »

Déjà avant la guerre des Gaules, la cavalerie romaine est essentiellement composée de contingents étrangers : espagnols, maures, gaulois, plus tard germains également. La cavalerie formée de citoyens romains ne semble plus avoir cours, et ne sera réhabilitée qu’au début de l’Empire. Les Commentaires de César sur sa guerre en Gaule sont riches de renseignements sur la composition et l’utilisation de cette cavalerie étrangère alliée. Sa fonction est triple : elle s’avance dans le pays en reconnaissance (pour débusquer l’ennemi, repérer des voies de passage, des emplacement de campement, pour accompagner des fourrageurs…), elle participe aux batailles, souvent placée sur les ailes (ce qui lui vaut le nom de « alae »), et elle talonne l’ennemi pour ne lui laisser aucun répis et lui tuer un maximum de monde. Ces cavaliers conservent leurs techniques de combat et leur armement national.

Qui sont ces Gaulois ? Les Éduens, en premier lieu, qui, avant Gergovie, mettent à disposition des Romains jusqu’à 10 000 fantassins (sous les ordres de Litaviccos, qui tentera de les détourner de l’alliance de César, mais échouera), et surtout toute leur cavalerie (B.G., VII, 34). Ces Éduens seront un temps confiés à Dumnorix. César signale à divers moments la présence de cavaliers Rèmes, Lingons, Aquitains ou Trévires (ces derniers ont la plus forte cavalerie de toute la Gaule). Comme leurs adversaires, les Romains utilisent enfin des contingents celtophones recrutés en Europe centrale. Les effectifs de la cavalerie alliée ne s’élèvent jamais à plus de 4 ou 5 000 hommes.

Si le casque « Coolus-Mannheim » est surtout avéré dans les troupes auxiliaires, les cavaliers venus des régions du Nord-Est pour seconder César amènent avec eux un modèle qui intéressera particulièrement les Romains. Il est en fer, muni de couvre-joues enveloppants, avec un timbre renforcé de sourcils estampés qui permettent aussi de dévier les coups. Ce modèle est classifié aujourd’hui sous l’appellation « Port » (bei Nidau), d’après une trouvaille suisse. Des éléments de ce modèle ont été retrouvés en de multiples endroits, à Ribemont-sur-Ancre, Vernon, ou encore sur le site d’Alésia.

Réservé d’abord aux auxiliaires gaulois, il va être adopté et fabriqué pour l’armée romaine, et va évoluer pendant deux siècles en une série baptisée « Weisenau » (que Robinson nomme, de manière évocatrice, « imperial-gallic »). Rien ne s’oppose en effet à ce que des artisans gaulois produisent des pièces d’armement pour un nouveau commanditaire. La production des divers matériels nécessaires à l’exercitus républicain n’est nullement centralisée, et les corps expéditionnaires s’approvisionnent en armes et vêtements auprès de fournisseurs variés et nombreux, si possible à proximité du théâtre des opérations. L’armée elle-même répond, dans une large proportion, à ses propres besoins grâce à des ateliers de campagne. Ces officines mêlent peut-être artisans régionaux et légionnaires ; l’assimilation des formes et des techniques s’en trouve facilitée, et par là même l’absorption de modèles étrangers par les armées de Rome.

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