Le gladiateur mirmillon
Le gladiateur mirmillon est sans doute l’un des plus connus des arènes romaines. Pourtant, l’idée que l’on s’en est fait pendant longtemps était fausse, car basée sur un texte mal interprété de l’auteur latin Festus. Celui-ci rapportait une chanson entonnée par l’adversaire du mirmillon, le rétiaire (qui se battait avec un filet et un trident) et qui disait « pourquoi fuis-tu Gaulois ; ce n’est pas après toi que j’en veux, c’est après ton poisson ». Beaucoup se sont donc ingéniés à chercher sur les images antiques la représentation d’un poisson sur un casque, et ne le trouvant pas, peintres et dessinateurs l’ont carrément inventé. On peut en voir une illustration sur le célèbre tableau de Léon Jérôme (ci-dessus), intitulé « pollice verso » figurant la fin d’un duel entre un rétiaire (au sol) et un mirmillon triomphant demandant la sentence à l’éditeur des jeux dans sa loge. Un joli poisson orne le devant de son casque…
En réalité, ce poisson n’a jamais existé. On en connait une ou deux représentations estampées, mais sur des casques de gladiateurs thraces, bien identifiables quant à eux. Cette fameuse chanson fait sans doute référence à la forme du casque du secutor (voir article précédent), autre adversaire traditionnel du rétiaire, qui ressemble à un poisson, avec ses petits yeux ronds et sa crête en forme de nageoire.
Le mirmillon peut en réalité être bien identifié dans l’iconographie antique, car nous connaissons bien par la littérature et l’épigraphie ses différentes oppositions, contre les thraces et les hoplomaques. Il suffit ensuite de les rechercher sur les images. Le casque du mirmillon n’adopte en réalité aucune décoration distinctive. Il évolue avec le temps. d’abord ouvert, à l’instar des casques militaires, il se ferme par une visière à la fin du règne d’Auguste (début du Ier siècle après J.-C.), ajourée de deux oeilletons ronds. Puis, ces orifices se grillagent.
La forme change encore au milieu du Ier siècle. La grande colerette s’arrondit, et la visière est désormais grillagée à moitié, facilitant la vision et la ventilation du combattant. Au II et IIIe siècle surtout, la forme du casque s’étroitise, et c’est maintenant toute la visière qui est ajourée. La large colerette enserre à présent étroitement la tête, réduisant fortement le champ de vision du combattant. Tous ces casques, parfois très ricement ornés sur les exemplaires de Pompéi, sont souvent surmontés d’un large panache de plumes ou de crin, rehaussant la silhouette du gladiateur.
Celui-ci combat avec un grand bouclier semi-cylindrique et une épée courte. A la jambe gauche, il arbore une demi-jambière.