Le gladiateur thrace

Après avoir vu dans de précédents articles les gladiateurs secutores et mirmillones, voyons aujourd’hui le thraex, autrement dit le thrace. La Thrace est une région des Balkans dont les frontières antiques englobent une partie de la Bulgarie, de la Grèce et de la Turquie. Il est difficile de dater précisément l’entrée de cet homme en gladiature. La théorie officielle veut que les guerres menées par Sylla en Grèce, contre les armées de Mithridate comprenant beaucoup de mercenaires Thraces, soit à l’origine de l’armatura. Faits prisonniers, ils auraient ensuite intégrés les casernes de gladiateurs d’Italie. En réalité, rien ne le dit, car depuis le IIe siècle avt J.-C., les Thraces donnent régulièrement du fil à retordre aux légions romaines, et les événements qui pourraient expliquer l’arrivée massive de prisonniers thraces sont nombreuses.

Cicéron est le premier à en parler, vers le milieu du Ier siècle avt J.-C., mais la première image d’un gladiateur thrace vient d’un relief récemment découvert en Italie, à Fanio Romano, daté de 30-10 avant notre ère. Il est déjà reconnaissable à sa panoplie qui va en faire une vedette pendant plus d’un siècle. A l’origine, son casque est sans visière, comme tous ceux des gladiateurs, et adopte (pour ce que nous pouvons en voir) la forme d’un bonnet phrygien. Ce casque va se décorer sous le règne d’Auguste d’une tête de griffon au sommet du cimier, symbole de l’Orient. Plusieurs casques ont été exhumés à Pompéi.

Un peu plus tard, son casque est complété d’une visière avec deux oeilletons, puis, avec une grille plus large qui facilite la vue, mais aussi la ventillation, car il est pénible de combattre avec un casque aussi enveloppant, et l’essoufflement gagne très vite. La plupart des combats se terminent alors par l’abandon d’un des protagonistes. L’autre arme défensive du thrace est la parma : le petit bouclier de forme carrée. Celui-ci, léger et maniable, couvre peu le corps, aussi le gladiateur thrace se voit-il doter de deux jambières en bronze, qui augmentent encore en taille vers le milieu du Ier siècle pour couvrir une partie de la cuisse. Plusieurs exemplaires simples ou très décorés ont été retrouvés dans la casernes des gladiateurs de Pompéi. De telles jambières se retrouvent aussi sur le gladiateur hoplomaques que nous verrons ultérieurement.

Son arme offensive est la sica. Il s’agit d’un sabre courbe qui permet de contourner les défenses adverses pour blesser plus facilement. Cette armes, encore longue à la fin de la République, raccourcit au fil du temps pour n’être plus qu’un poignard. L’escrime en effet est un combat au corps  corps. Une sica d’entraînement en bois a été retrouvée dans un camp militaire en allemagne. Il était fréquent que les légions construisent des amphithéâtres à côté de leur casernement, pour assister à des spectacles, mais aussi pour s’entraîner eux-mêmes. Quelques reliefs et mosaïques montrent quelques fois des sicae, non arrondies, mais avec des lames anguleuses.

Le thrace combat à l’origine l’hoplomaque, mais aussi le mirmillon. Ce dernier duel est le préféré des Romains, jusqu’à ce que celui du secutor-rétiaire le remplace vers la fin du Ier siècle. A la fin de l’Empire, le thrace semble perdurer, mais son adversaire semble être le scissor. Il ne porte plus de bouclier, aussi est-il désormais revêtu d’une cuirasse.

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