Le glaive de Tibère, un type Mayence emblématique

Qui n’a pas entendu parler du fameux glaive romain ? Personne ! Cette arme est conçue pour frapper d’estoc, mais elles fonctionne aussi très bien de taille. Au début du premier siècle de notre ère, le modèle qui domine dans l’armée romaine est le glaive de type « Mayence », plus court que ses prédécesseurs de l’époque de la guerre des gaules.

C’est une arme dont la lame mesure en général entre 45 et 55cm, pour une longueur totale comprise entre 60 et 70cm. Il se caractérise par une lame très effilée, pensée pour percer les cottes de maille, qui se rétrécit légèrement au milieu. Ces armes ont un général une poignée en quatre pièces : une garde en bois assez imposante, protégée du côté de la lame par une plaque de bronze, parfois décorée, une fusée en bois ou os, et un pommeau imposant. Garde et pommeau peuvent être en os ou ivoire.

C’est surtout le fourreau qui est impressionnant. Formé de deux plaques de bois recouvertes de cuir, il est toujours enserré dans des pièces métalliques latérales, des gouttières, qui lui donnent sa rigidité. Elles se rejoignent en bas dans une bouterolle tournée. Deux barrettes métalliques transversales, clouées sur le bois, permettent de tenir quatre anneaux en métal destinés à la suspension de l’arme. Les parties visibles du fourreau sont ensuite très souvent recouvertes de plaques, la plupart du temps décorées au repoussée, et étamées ou dorées.

Le modèle dit de Tibère, retrouvé dans le Rhin près de Mayence, est sans doute le plus impressionnant de la série. Il est visible au British Museum depuis 1866. Cette arme, très luxueuse, a certainement appartenu à un gradé. La poignée n’est pas parvenue jusqu’à nous, mais le fourreau est dans un état impressionnant. Une plaque métallique étamée le recouvre entièrement. Au centre de celle ci est soudé un médaillon représentant Tibère, à l’époque où il était général.

En haut, une plaque en bronze repoussée et dorée représente également Tibère, en tenue de général cette fois, offrant une victoire ailée à Auguste représenté en Jupiter, encadré par le Dieu Mars Utor et la déesse Victoire. Le bouclier sur lequel repose le bras d’Auguste est gravé de l’inscription Felicitas Tiberi, tandis que celui porté par la victoire annonce Vic[toria] Aug[usti].

La plaque du bas du fourreau, également en bronze doré, figure un temple, probablement celui des enseignes. Dans celui ci sont exposés des torques sur des lances, et on y voit un aigle tenant en son bec un rameau de laurier, sans doute une enseigne légionnaire. En dessous se trouve un  personnage féminin portant une lance et une hache bipenne. Ces motifs figurent sans doute le peuple vaincu objet du triomphe.

Même les barrettes supportant les anneaux sont encadrées de plaques dorées, représentant des lauriers. Cette représentation d’une victoire offerte à l’empereur était un moyen de montrer la loyauté du général victorieux, qui renonçait ainsi symboliquement à l’honneur de sa victoire au profit de l’Empereur.

Cette superbe pièce existe aujourd’hui en reproduction, même si les pièces dorées sont simplement en laiton. Ce sont les photographies de cette pièce emblématique qui illustrent cet article.

 

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