Le hoplite et son fourreau…

Vous aimez l’histoire et la reconstitution ? Vous vous posez des questions sur des points qui sont sans doute des points de détail mais qui, au fond, vous semblent tout de même être des sujets importants pour la vie quotidienne du combattant ? Une seule réponse, l’expérimentation.

Prenons un exemple simple… le hoplite. Il est toujours représenté sur les vases grecs portant un casque, un bouclier imposant, une lance, et une épée. Cette épée, en général droite, se porte à gauche, suspendue à un baudrier. Jusque-là, tout va bien… mais avez-vous déjà essayé de sortir une épée qui pend à votre côté en la tirant de la main droite, avec la gauche coincée dans votre bouclier ?

Si l’arme tient un tant soit peu dans son fourreau – et mieux vaudrait que ce soit le cas si vous voulez éviter de la perdre en courant – le résultat que vous obtiendrez est simple : vous allez lever l’arme et le fourreau en même temps, et brandir l’épée dans son étui, le tout avec une sangle vous passant autour du cou. Vous avez tout de même de bonnes chances de survivre : votre adversaire risque d’être tellement hilare qu’il pourrait bien oublier de vous frapper !

La première solution pour éviter cela consiste à porter une ceinture par-dessus le baudrier, au niveau de la garde de l’arme. Cette ceinture va bloquer le fourreau, et l’empêcher de remonter. Vous pourrez ainsi tirer l’arme. C’est la solution utilisée par les légionnaires romains à partir de la fin du second siècle de notre ère, et cela marche fort bien. Pour autant, pas une trace iconographique de cette ceinture chez les grecs. Bien sûr, il manque bien des détails sur les peintures des vases grecs, mais tout de même, à ce point…


Maintenant, avez-vous déjà observé de près un fourreau d’épée de hoplite ? Evidemment, les pièces en bois et cuir ont disparu depuis longtemps, mais les pièces en bronze ont bien survécu. Et là, on remarque quelque chose d’assez étrange :la bouterolle, c’est-à-dire la pièce qui termine le fourreau en bas, est toujours relativement proéminente par rapport au reste du fourreau. C’est parfois franchement flagrant, comme dans le cas du modèle d’Alfedena ci-contre. Dans d’autres cas, comme dans celui de cette reproduction inspirée du modèle de Campovalano, sans doute la plus connue à ce jour, on voit même une barre supplémentaire, entre le fourreau et la tête de lion.

Et si cette pièce servait justement à régler notre problème ? En effet, quand vous tirez l’épée, il est possible de coincer la bouterolle sur le rebord du bouclier, dès lors qu’il est relativement près du corps, et là, la lame sort puisque le fourreau ne peut plus monter… Évidemment, ce n’est qu’une hypothèse, mais cela fonctionne… et il n’y a que la reconstitution historique qui permette de résoudre efficacement de telles énigmes !

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