Le légionnaire de Lyon, combattant de la fin du IIème siècle

Legionnaire_de_Lyon_197ADEn février 197 de notre ère, les armées de l’empereur Septime Sévère se massent au pied des Monts d’Or, à quelques kilomètre de Lyon, pour affronter celles de Claudius Albinus, qui s’est proclamé Empereur un an auparavant. Gouverneur de la Bretagne, il a reçu le support des Gaules et de l’Espagne et s’est établi à Lyon.

Plus de 100.000 combattants vont s’affronter ce jour là. Septime Sévère va l’emporter, et poursuivre son rival jusque dans les rues de Lyon, qui sera pillée et incendiée. C’est dans ces moments troubles qu’un légionnaire va trouver la mort. Il sera hativement enterré sur les pentes de la colline de la Croix Rousse avec l’ensemble de son équipement, armes et argent…

Eléments du baudrierUne telle façon de faire est peu commune à cette époque, et fait plutôt penser à un corps hâtivement jeté dans une fosse pour dissimuler qu’à une mise en terre traditionnelle. La ceinture du militaire, d’origine panonnienne, laisse supposer qu’il s’agissait d’un des hommes de Septime Sèvère. Peut-être a-t-il été tué par des habitants de la ville durant du pillage, qui ont ensuite fait disparaitre le corps pour éviter des représailles ? Nous ne le saurons jamais…

Reconstitution du baudrierLes restes de notre homme vont être retrouvés durant la première moitié du 20ème siècle, et sont exposés aujourd’hui au musée Gallo Romain de Lyon Fourvière. La pièce maitresse est sans nul doute la ceinture, décorée de la devise « Felix Utere », dont les lettres sont habilement combinées pour former la boucle, mais on trouve également toutes les monnaire du militaire, et quelques éléments du beaudrier de sa spatha… car notre homme ne portait déjà plus le glaive.

Ces vestiges ont insipiré un reconstituteur lyonnais, qui de temps à autre fait revivre ce légionnaire mort en 197. Panoplie_retrouvee_rue_des_FantasquesLe baudrier de suspension de l’épée et la ceinture sont en cuir et laiton étamé, le casque retenu est un Niederbieber – apparu au milieu du second siècle – il porte une cotte de maille fermée par une plaque de poitrine en bronze figurant Mars et Hercule, et un épais subarmalis en cuir terminé par deux rangés de lambrequins lestés. Son bouclier lenticulaire et ovale s’inspire d’un modèle visible sur Armesl’arc de Septime Sévère, et il est armé d’une spatha, de la lance et d’un poignard. Il porte des féminalia en cuir et des guêtres du même matériau.

Sa silhouette fait immédiatement penser aux légionnaires du IIIème siècle, et pourtant… toutes ces pièces d’équipement sont attestées au second siècle. Notre légionnaire de Lyon, outre l’étrangeté entourant son ensevelissement, a contribué à nous donner une image du combattant romain bien différente de celle que l’on imaginait encore il y a une vingtaine d’années.

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