Le mort appartenait à la King’s German Legion
Nous vous en avions parlé il y a plusieurs mois dans ce blog : un squelette avait été découvert sur le site de la bataille de Waterloo, lors des travaux d’aménagement d’un parking, en juin 2012. C’était la première fois qu’un corps était ainsi retrouvé. L’homme possédait quelques menus objets qui avaient été aussi exhumés. Des études étaient en cours pour savoir qui pouvait bien être ce combattant oublié.
C’est a priori chose faite, grâce à l’historien militaire Gareth Glover, spécialiste de la bataille. On savait jusque là que l’homme devait être anglais, ou du moins qu’il avait combattu contre les troupes de Napoléon, car la balle qui l’avait perforé était française. C’est tout ce que nous pouvions dire à l’époque.
On en sait aujourd’hui un peu plus. Les pièces trouvées sur le corps se sont avérées françaises et allemandes. Il y avait aussi un morceau de bois portant des initiales « C.B », complétées d’un « F » que l’on avait tout d’abord pas vu. Gareth Glover s’est donc mis à la recherche d’un soldat allemand portant un nom correspondant aux initiales. Il en a trouvé trois, tous originaires de Hanovre et combattant aux côtés des Britanniques.
L’un d’eux fut vite éliminé, car il se trouvait dans un autre secteur du champ de bataille. Les deux autres étaient également membres de King’s German Legion, combattant en 2e ligne du bataillon. L’historien remarque ensuite qu’un officier a touché la paie d’un soldat décédé près de Bruxelles un mois plus tôt. Le second prétendant est donc éliminé à son tour.
Il ne reste dès lors que le soldat Friedrich Brandt, âgé de 23 ans en 1815, disparu pendant la bataille. Gareth Glover reste prudent et ne prétend pas qu’il tient le bon candidat, mais c’est le meilleur jusque à présent. La King’s German Legion était une unité hanovrienne. Le Hanovre avait le même souverain à l’époque (et jusqu’en 1837) que la Grande-Bretagne et l’Irlande, par le jeu des successions.
Quand les Français envahirent l’Etat du Hanovre en 1803, beaucoup de militaires émigrèrent en Angleterre pour continuer la lutte. Parlant tous allemand, ils furent regroupés dans des unités spéciales. La King’s German Legion comprenait quatre bataillons d’infanterie, deux régiments de dragons, cinq batteries d’artillerie ; effectifs qui augmentèrent par la suite pour atteindre près de 20 000 hommes en 1812, soit deux régiments de dragons, trois de hussards, huit bataillons d’infanterie de ligne, deux d’infanterie légère, six batteries d’artillerie et du génie.