Le « mur de Trajan » en Roumanie redécouvert

On connaît surtout le mur d’Hadrien, qui séparait d’une mer à l’autre l’Ecosse et l’Angleterre, car ses vestiges en pierre sont encore très nombreux, que l’on peut suivre sur plus d’une centaine de kilomètres. On connaît déjà moins le mur d’Antonin construit plus au Nord 20 ans plus tard. Moins visible mais tout aussi bien exploré est le mur qui séparait la Germanie de l’Empire romain. Aujourd’hui, c’est la frontière la plus orientale de l’Europe qui est redécouverte.

L’Empire romain n’était pas un espace ouvert. De bonne heure des fortifications ont été érigées de-ci de-là pour empêcher les incursions. Ce fut le cas sous Auguste en Germanie. Mais il faut attendre quelques décennies pour que le limes rhénan soit complété et hermétique. Plus qu’une frontière comme nous l’entendons, le limes est une route la bordant pour permettre le cheminement rapide, contrôler les passages de marchandises, et arrêter l’ennemi.

D’abord simple fossé garni de tours, le limes est doté ensuite d’une palissade en bois puis d’un mur en pierre. Des fortins sont aménagés très près, et des camps plus grands sont placés plus en retrait, permettant l’arrivée rapide de troupes, selon les besoins. Sur le mur d’Hadrien, on peut encore voir aujourd’hui ces postes fortifiés aménagés directement dans le mur.

Il existait ainsi des fortifications sur tous les pourtours de l’Empire, et pas seulement dans le Nord. L’Afrique et le Moyen-Orient en étaient également pourvu. Aujourd’hui, on redécouvre par hasard le mur construit au IIe siècle en Roumanie : la frontière la plus orientale de l’Empire. Tout commence avec une histoire d’espionnage durant la guerre froide.

Le satellite américain CORONA photographie en effet depuis les années 60 les zones sous influence soviétique. Près d’un million de clichés sont pris sur 30 ans. Ils sont aujourd’hui déclassifiés et prennent une nouvelle importance entre les mains des chercheurs et des archéologues des universités de Glasgow et d’Exeter. C’est ainsi que sont apparus les vestiges du « mur de Trajan » en Roumanie, reliant le Danube à la Mer Noire, sur une soixantaine de kilomètres.

En réalité, il a été édifié après le règne de Trajan, vers le milieu du IIe siècle de notre ère. Des ruines étaient localement connues, mais on les datait de l’époque byzantine, voire médiévale. Ce mur faisait à l’origine 8,5 m sur 3,5 m. D’abord en bois, il fut ensuite renforcé, puis rebâti en pierre. Sur son parcours s’échelonnaient 32 camps et 31 fortins, que l’on voit très distinctement sur les deux dernières photos.

Ces traces sont nettement visibles sur les photos aériennes. Nul doute que d’autres découvertes seront faites, car des millions d’autres clichés prises par les belligérants durant les deux conflits mondiaux peuvent aussi être étudiés.

 

 

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